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« Le corps est une synecdoque pour le système social »
Judith Butler, 2006 Trouble dans le genre, p.253
Plusieurs chercheurs en sciences sociales ont mis en avant le caractère construit de la ménopause, com-
me un fait social récent. Liée à l’arrêt des menstrues, les discours sur la ménopause pathologisent le corps des
femmes âgées, lui rattachant des troubles – biologiques et mentaux – qui ont évolué dans l’histoire. La notion
renvoi à un moment de la vie d’une femme, et transforme son rôle et sa valeur sociale. Cependant, il ne faut
pas nier les réalités biologiques avec l’arrêt des capacités reproductives. Ces données biologiques sont interpré-
tées à travers des schèmes culturels. En effet, nous allons aborder la question du corps, et plus particulière-
ment du corps féminin. Nous n’avons jamais accès au corps sexué en soi, il est toujours traversé par des rap-
ports de pouvoirs à un moment donné. Le corps est plastique, malléable, il est nécessaire de le « dénaturer »
pour comprendre ces dimensions politiques. Il est un objet d’analyse pertinent pour mettre à jour des rap-
ports sociaux, En tant que construit social, il est sexué après le discours. Le corps est idéologique, et fonction-
ne comme « système explicatif cohérent pour tous les phénomènes et accidents » (Héritier, 1996 : 70) de la vie
sociale et collective. De ce fait, la ménopause est une catégorie non immuable, mais toujours en constante
construction, déconstruction et reconstruction.
C’est donc à travers la ménopause, en tant que construit social dans les sociétés occidentales, que nous allons
aborder les représentations des corps féminins vus comme « pathologiques ».
◊ Comment les sociétés occidentales traduisent et construisent des discours sur certains changements bio-
logiques et physiologiques ?
◊ Qu'est-ce que ces significations nous disent sur les représentations du corps féminin « normal » et
« pathologique » ?
En d’autres termes, nous nous intéresserons à comprendre comment les corps féminins sont traversés
par des formes de savoir/pouvoir et participent à discriminer et construire des corps « normaux » et des corps
« pathologiques ».
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