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L’histoire de la sorcellerie est aussi une histoire de l’autonomie des femmes. La persécution des
communautés Béguines (14-15 ) en est un exemple. Généralement, les béguines étaient des femmes
e
veuves ou célibataires. Elles vivaient en communauté, cultivaient leur potager, pratiquaient la médecine
traditionnelle en cueillant leurs herbes médicinales. Marguerite Poreté fût la première béguine brulée,
elle « sonne le glas de la tolérance dont faisait l’objet ces femmes, de plus en plus mal vues » (Ibid : 67),
leur indépendance était suspecte vis-à-vis des ordres religieux.
En effet, à cette époque, l’autonomie des femmes est impensable, elles sont systématiquement
appréhendées sous la subordination d’une figure masculine. De ce fait, les femmes non mariées, ou
indépendantes de toute relation de parenté ou filiation, étaient pensées comme sous l’emprise du diable,
donc « encore soumise à une autorité masculine » (Ibid : 70).
Une grande partie des femmes accusées de sorcellerie étaient des femmes âgées. Frederic Frederici y voit
une des conséquences de la montée du capitalisme. En effet, avec la privation des communaux, les
femmes ne vont plus pouvoir y avoir accès et effectuer leurs tâches quotidiennes, pour ramasser du bois,
de l’herbe ou encore pâtres les bêtes. La privatisation va « saper leur indépendance », la femme âgée
devient une « bouche désormais inutile à nourrir, la femme ménopausée, au comportement et à la parole
beaucoup plus libre qu’auparavant, est devenus un fléau dont il fallait se débarrasser » (Ibid : 36-37). La
relation entre capitalisme, domination sur la nature et sur les femmes a, depuis les années 1980, était mis
en avant par un grand nombre d’écoféministe. Comme le montre la philosophe Carolyn Merchant. La
nature va devenir quelque chose à maitriser, comme les femmes, vues comme proche de la nature. La
sorcière symbolise la violence de la nature : les orages, la maladie, la destruction des récoltes, les
infanticides …. Les femmes qui causent ces désordres vont être mises sous contrôle. En parallèle, la
chasse aux sorcières est nécessaire pour appuyer la légitimité de la médecine moderne.
La question de la fécondité est au centre des représentations concernant la sorcière. L’historien
Michel Porret s’est intéressé à Michée Chaudron, la dernière femme exécutée à Genève pour actes de
sorcelleries, en 1652. Elle est représentative sociologiquement des femmes (et un petit nombre d’hommes)
accusés de sorcellerie. Appartenant aux classes populaires, veuve d’une soixante d’années, ayant des
savoirs traditionnels liés à la nature. Elle passe de guérisseuse à sorcière. Elle est le prototype même de la
sorcière, que l’on retrouve également dans des œuvres contemporaines : des films, dessins animés ou
romans. La vieille femme infertile et autonome est suspicieuse, elle bouscule tout un schème mental
correspondant à l’idéal féminin : la jeunesse, la fertilité et la beauté.
Blanche-Neige, ou
la représentation de
la norme féminine : La sorcière,
Jeune ou le pendant de la
Belle femme idéal :
Blanche Agée
Docile Laide
Au petit soin Méchante
Passive Egoïste
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