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La théorie des humeurs







              La pensée de la médecine occidentale est encore imprégnée de cette
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                                              grille de lecture, jusqu’au 18 .
             La Renaissance renvoie à une épistémè marquée par la similitude ; les ressemblances assurent
      l’universelle  et  les  relations  des  choses  entre  elles.  Les  signes  et  les  significations
      «  s’enroulent  réciproquement  ».  Une  conception  qui  pense  dans  un  rapport  de  micro/macro,

      garantissant les savoirs. Ici, l’homme « est en proportion avec le ciel, comme avec les animaux et les
      plantes, comme avec la terre, les métaux » (Foucault, 1966 : 37).

      En effet, la théorie des humeurs d’Hippocrate est au cœur des conceptions médicales. Le corps humain
      est composé de quatre humeurs : le sang, le phlegme, la bile jaune, la bile noire, et chacune a quatre
      qualités élémentaires : le chaud, le froid, le sec et l’humide. Ces humeurs sont en relation les unes avec

      les autres, avec les saisons et le cosmos de manière plus général. Le tout constitue un équilibre. La
      femme étant plus froide, son corps ne peut transformer le sang en transpiration ou poil (Charlap, 2015)

      et donc les menstrues permettent de rétablir l’équilibre. Les règles ont une fonction de purgation. De ce
      fait, l’arrêt des menstrues correspond à un déséquilibre, un danger car il y a une rétention.

             Cependant, l’arrêt des règles devient un objet d’étude en soi seulement vers le 18 . En effet, la
                                                                                                       e
      vieillesse, ou plutôt la catégorie « âge critique » chez les médecins de l’époque renvoie aux deux sexes.






                                                    L’Age Critique : un objet d’étude

                                                                           au 18e




                                                                    e
             À travers la lecture de la littérature médicale du 18 , l’historienne Christine Théré retrace l’essor
     de l’asymétrie entre les sexes concernant le vieillissement, de 1770 à 1836. C’est à partir du 18  que les
                                                                                                            e
     médecins développent un certain intérêt envers les « troubles féminins ». Le vocabulaire ou les figures

     de style liés au vieillissement féminin renvoie à « la dramatisation de la cessation du flux menstruel et
     d’amplification de la perte des attributs féminins » (Théré, 2015). Mais ces terminologies demeurent

     secondaires et ne bousculent pas le vocabulaire savant de l’époque relatif au vieillissement : « âge de
     retour », « déclin de l’âge » ou « vertige de la vieillesse ». Ces notions renvoient à des âges communs à

     tous, à des étapes de la vie humaine, et marquent des transitions.
             Le  regard  scientifique  sur  l’arrêt  des  menstrues  s’inscrit  durant une  époque  où  les  praticiens
     s’intéressaient à la « nature féminine » et la question des sexualités « normales », civilisées ou débri-

     dées. La question centrale était donc « qu’est qui reste de la féminité une fois exclue de sa fonction de

     reproduction ? » (Charlap, 2015).



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