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Yvonne Verdier voit dans la figure de la sorcière dans les contes comme une sorte de
retournement de l’image féminin, une forme d’inversion : « de productrices d’enfants, elles
deviennent consommatrices » (Verdier cité par Charlap, 2015). La question des menstrues peut être
une grille d’analyse pour questionner la figure de la sorcière. Ces dernières n’écoulant plus de sang,
elles en absorbent de par les infanticides. La sorcière est clairement reliée à la perte de la féminité.
Françoise Héritier explique que dans un grand nombre de sociétés africaines, la femme
ménopausée est dangereuse, et parfois accusée de sorcellerie. « Ménopause et stérilité suscitent des
imaginaires, des attitudes et des institutions extrêmement contrastés selon les sociétés, et pourtant
explicables selon la même logique symbolique » (Héritier, 1996 : 228). Autrement dit, une femme se
réalise socialement et existe par et dans sa fonction de reproductrice, à travers la maternité.
C’est aussi une figure de l’émancipation, dont des mouvements féministes ont repris comme symbole
d’autonomie, « la sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations, elle
est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie », nous dit Mona Chollet (Chollet, 2019 : 11).
En 2017, des activistes américaines ont lancé sur les
réseaux sociaux une campagne de « rituel sorcelaire » où,
tous les mois, en postant des photos de leur rituel, elles
lancent des sorts sur le président Donal Trump afin qu’ils
soient restitués.
Certaines se rejoignent en bas de la Trump Tower afin de
jeter des sorts, ensemble, au président américain.
Par exemple le collectif féministe intersectionnel « Wear your voice » et leur « Witches Against Trump
Campaign ». Le 20 janvier 2018, des « sorcières de couleurs » se sont réunit à Washington pour protester
contre la politique de Donald Trump. Voici ce qu’on peut lire sur leur site (traduit de l’anglais) :
« Historiquement, une sorcière désignait toute personne qui s'écartait des normes cis-patriarcales.
Le 20 janvier 2018, à l'occasion de l'anniversaire de l'inauguration de 2017, nous invitons les sorcières de
partout au pays à nous rejoindre à Washington DC pour le plus grand rituel de danse chamanique avec pour
mission d’exclure Trump du bureau ovale et de continuer à amplifier les voix des marginalisés Brun noir, queer,
handicapés et trans. »
D’autre mouvement écoféministes prônent le retour aux savoirs traditionnels, en se reconnectant à des
sources vitales. En d’autres termes, la figure de la sorcière devient une forme d’ « empowerment » politique,
mettant à mal l’idéal type féminin, prônant une réappropriation de leurs corps : de leurs savoirs et de leurs
expériences.
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