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Nez  crochu,  dos  courbé,  seule,  vivant  au  fin


     fond  de  la  forêt,  pourvue  de  pouvoirs  magiques  et

     diaboliques,  causant  des  infanticides,  des  catastro-

     phes naturelles ou biologiques, dotée d’un physique


     ingrat, vieille, infertile, avec un appétit sexuel insa-

     tiable, ... Bref, la figure de la sorcière est le pendant


     de l’idéal féminin. C’est « l’anti-mère », une femme

     en marge, qui bouscule les codes de la norme fémini-

     ne.



                                  L’IMAGINAIRE DU SABBAT






                  La chasse aux sorcières et l’imaginaire du sabbat, en Europe, se développent vers les
          années 1420, avec un pic en 1560, puis s’éteint petit à petit vers le milieu du 17 . Le 15
                                                                                                              e
                                                                                                     e
          siècle  est  marqué  par  des  crises  économiques  et  une  chute  démographique,  avec  la  peste
          Noire  qui  ravage  les  pays  européens.  C’est  la  « panique »  dans  la  tête  des  élites,  qui

          cherchent à donner sens aux événements. L’idée d’une cause satanique, l’œuvre du Diable
          comme avènement du mal, se développe peu à peu. Le Sabbat est une construction sociale,

          un  lieu  où  se  condensent  toutes  les  transgressions  religieuses.  Les  sorcières  deviennent
          l’ennemi intérieur, des femmes qui ont la capacité de développer des forces démoniaques, qui

          pratiquent  des  savoirs  traditionnels,  non  reconnus  par  les  scientifiques  de  l’époque,  ces
          derniers  essayant  d’asseoir  leur  pouvoir  et  la  légitimité  de  leurs  connaissances.  C’est  en
          partie  des  femmes  âgées,  de  classes  populaires,  des  accoucheuses  et  des  guérisseuses  non

          officielles  qui  sont  touchées.  La  figure  de  la  sorcière  permet
          donc  d’expliquer  ces  phénomènes  sociaux  et  biologiques  de

          manière rationnellement. Toutes les femmes qui dépassent d’un
          poil les normes pouvaient être accusées.



                  Avec l’invention de  l’imprimerie, des livres vont se

          diffuser traitant du sujet, comme le traité de théologie « Le

          marteau  des  Sorcière »  (Malleus  Maleficuram)écrit  pas  des

          dominicains  Henri  Institoris  et  Jacques  Sprenger.  Publié


          vers 1487, ce fut un « best seller » à l’époque, il connut de

          nombreuses rééditions par la suite


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