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La découverte des hormones
Au début du 20 siècle, la découverte des hormones et le développement de l’endocrinologie vont
e
enfermer le corps féminin dans un discours hormonal, c’est dans les hormones sexuelles que réside l’essence
féminine. La ménopause renvoie à un arrêt de production des œstrogènes, une crise carencielle : les ovaires sont
le foyer de la dégénérescence.
Le processus de construction de la ménopause dans les années 1930 est à comprendre dans sa médicalisation (le
développement des connaissances sur les œstrogènes) et sa « pharmacologisation » (la production d’estrogènes
de synthèse). Cette grille d’interprétation va renforcer la légitimité des gynécologues dans le milieu médical,
justifiant leurs existences, d’une part par leurs connaissances et d’autre part avec leur capacité de prendre en
charge les femmes ménopausées. En parallèle, cette approche de la ménopause renforce et est renforcée par des
intérêts économiques, les laboratoires pharmaceutiques avaient intérêt à ce que la ménopause soit perçue
comme maladie pour que soit prescrit des traitements hormonaux.
Dans les années 1970, le monde médical institutionalise cette question. Des congrès, groupes d’experts se
rejoignent, avec la création de l’International Congress on Menopause, ou la création de l’AFEM (Association
Française pour l’Etude de la Ménopause). En 1977, la ménopause rentre dans « l’International Classification of
Diseases », où la ménopause est définie comme « un déséquilibre endocrinien, au même titre que le diabète ou
les problèmes de thyroïdes » (Ibid). Le processus de
pathologisation est toujours en marche.
Une remise en cause …
Au début des années 2000, l’étude de l’association
américaine Women Health Initiative met en exergue les
risques de la prise d’hormone de synthèse. Cette étude va avoir un certain impact et va amener une remise en
question de certains praticiens sur les traitements hormonaux.
Cependant, la ménopause reste toujours interprétée sous le prisme de la pathologie, comme corps
infécond. La sociologue Céline Charlap a analysé les discours médicaux et médiatiques sur la ménopause. La
rhétorique est basée sur : le symptôme, la déficience et le risque. Des ouvrages évoquent des troubles de
caractères, des pertes d’attention, de la dépression ou de l’irritabilité, voir « une angoisse de perte d’identité ».
Une régression à la fois physique et psychique. D’après ces ouvrages médicaux, les risques d’ostéoporoses ou de
cancer nécessitent une surveillance continue des médecins, ces derniers se doivent de « diagnostiquer la
ménopause et ses conséquences pathologiques » ou encore de « planifier le suivie d’une femme
ménopausée » (Ibid).
La ménopause, en tant que construction sociale, est issue d’une longue histoire de deux siècles. Sa
conception, son interprétation, les prismes à travers lesquels la notion fut définie et appréhendée n’ont de cesse
changés selon les époques. En tant que discours médical, le concept est à comprendre dans sa dynamique de
construction, dans des contextes socio-historiques et scientifiques particuliers.
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