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Au 13 siècle, le théologien et dominicain Albert Le Grand publie
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un ouvrage gigantesque intitulé « Livre des secrets d’Albert le Grand sur les
vertus des herbes, des pierres et de certains animaux », avec un chapitre
(Livre 1) nommé « Des secrets de femmes ». Ce livre fut réédité au début du
18 et connaissait un certain succès au sein des praticiens. Ce chère Albert
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explique que le sang menstruel élimine les résidus toxiques et donc, dès l’ar-
rêt des règles, cette toxicité reste au sein des corps. Dans ses écrits, les fem-
mes âgées sont associées à un danger, notamment pour les enfants, car elles
peuvent « communiquer du venin par leur regard » (Delanoë, 2001). Cette
époque est marquée par la théorie des humeurs et d’une épistémè de l’ana-
Albert Le Grand 1200-1280
logisme, avec une relation cohérente entre le microcosme et le macrocosme. De ce
fait, ce flux non évacué reste en elles se repend dans leur corps, touche les yeux, qui affectent l’air même.
Les médecins du 18 vont, en partie, être inspirés par cette vision.
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Le naturaliste Louis Jean Marie D’Aubenton
(1716-1799) est à l’origine de la notion « âge de
retour ». C’est à ce moment que « la nature
commence à rétrograder » (Théré, 2015). Perte
de la vue, développement des rides,
affaiblissement du système digestif, etc. Mais
l’association avec l’arrêt des règles n’est pas
encore prégnante. La puberté est différenciée
selon les sexes, mais pas encore l’âge de retour.
C’est le médecin Jean Noël Hallé (1754-1822) et le
naturaliste Jean Claude de Lamétherie (1743-1817), qui
commencent à mettre l’accent sur la différenciation. Ils
vont, en quelque sorte, « ouvrir la voie » au
développement de l’asymétrie des représentations
concernant la vieillesse chez les hommes et chez les
femmes.
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