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Mais voilà, le chirurgien et docteur militaire Philippe Petit-Radel (1749-1815) reprend les
analyses de Fothergill et réédite n 1812 son traité. Il ne touche pas au discours mais en biaise
la direction. Il y ajoute des notations et commentaires qui ont « une tonalité alarmiste et
moralisatrice ». Il insiste sur la responsabilité des femmes envers leur propre condition, une
vieillesse difficile serait une sorte de sanctions de leurs « inconduites passées ». C’est-à-dire
que pour lui, les femmes fécondes ont moins de risques de subir des effets négatifs de la vieillesse, alors
que Fothergill n’a jamais relié la maternité et l’arrêt des menstrues. Petit-Radel diagnostique un autre
« mal inquiétant » : les « désirs sexuels hors saisons » que certaines femmes pourraient ressentir.
Sexualité, fécondité et maternité sont ici bien imbriqué, renvoyant à des normes sociales : une « vraie »
femme est féconde, sa sexualité est socialement admise dans le cadre de la maternité.
De la ménopause ou de
L’apparition du terme « ménopause », ou la l'âge critique des femmes.
Charles De Gardanne
« fabrique de l’asymétrie ». 1821
Le médecin Charles-Pierre-Louis de Gardanne (1789-1827) utilise pour la première
fois le terme « ménopausise » en 1816, dans son ouvrage « avis aux femmes qui entrent dans
l’âge critique ». C’est dans son édition suivante, en 1821 qu’il utilise le terme
« ménopause ». Son objectif était de développer « une branche négligée de la science médicale et effrayer un
“sexe indifférent aux précautions à prendre” » (Ibid). Il met en exergues des règles d’hygiène, et techniques
préventives. Dans son premier ouvrage, il nomme un grand nombre de maux associés directement à la mé-
nopause, qui prend son essor dans un discours de pathologisation. D’après Gardanne, les femmes ménopau-
sées subissent une surabondance de sang dans leur organisme, entrainant un état de « pléthore » (Delanoë,
2001), causant des troubles (chaleurs, étourdissements, rêves et sensations bizarres, etc.).
Par la suite des travaux de Gardanne et de Hallé, le médecin Sébastien Guyétant (1777-1865), accentue la
différenciation sexuée. Son ouvrage « Médecin de l’âge retour et de la vieillisse » (1836), connut un certain
succès au sein de la « bonne société » de l’époque. Deux éditions vont suivre. Il différencie les sexes sur cinq
points principaux :
1) « La temporalité du processus de vieillissement » : plus précoce chez les femmes et ce qui « change ra-
dicalement le sens de son existence ». Les hommes aussi subissent des dommages physiques, mais pas
autant « révolutionnaire » plus progressifs et moins visibles.
2) L’Age de retour est « une époque de perfectionnement moral ». Plus vers de la prévoyance chez les
hommes, avec l’idée de conservation. Chez les femmes une perte de leurs attraits qui « contribue à son
perfectionnement moral ».
3) Des conduites qui peuvent amener à la détérioration : moment critique pour les hommes s’ils ont
« vécu sans retenue » (victime de ses excès). Pour les femmes, le ton est plus dur : des « passions déré-
glés » comme des « infractions aux lois de la nature ». Il relie proportion maux de la ménopause au
« degré d’accomplissement du destin biologique » (maternité, mariage, allaitement).
4) Les recommandations varient selon sexe : hommes plus vers de la précaution, réfléchir quelles mala-
dies peuvent se développer en lien à tempérament. Pour les femmes : il y a nécessité de recourir aux
soins, « de l’Art ». Les médecins doivent les accompagner et leurs proposer des traitements.
5) Il faut changer son mode de vie : exercice physique, alimentation pour les deux mais la femme doit y
avoir recours plus tôt.
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