Page 6 - BUSINESS PLAN - JUIN_Neat
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Mon travail consiste à rénover les installations électriques de tous les appartements – habités – des
logements sociaux des banlieues de NANCY.
Je tombe sur un cadavre en décomposition dans un appartement, je trouve de la cocaïne dans une colonne
sèche, des armes, des ossements humains.
Les chantiers sont physiquement dangereux et épuisants moralement. L’ambiance entre les ouvriers est
tendue, et j’apprends à me méfier de tout le monde.
Dès le début je sais que je ne poursuivrai pas dans cette voie, mais je m’accroche jusqu’à mon BAC.
Malgré mon faible investissement dans les matières théoriques, je révise durement quelques semaines
avant l’examen final, et je décroche mon diplôme, à la surprise de mes professeurs. Sur 25 élèves, seuls 14
obtiennent le BAC.
4. APRES LE BAC :
Physiquement très endommagé après 3 ans de chantiers difficiles, je vais désormais connaître des emplois
alimentaires par dizaines, la soupe populaire, la rue, la solitude, la faim et l’endettement ( minime mais
pesant ).
En 2013, seul dans une ville asphyxiée par le chômage, (la moitié de la ville est inscrite au Pôle-Emploi),
dans le dénuement le plus total, sans aide de ma famille, je suis dans l’ornière.
Je me vois pourrir dans le pire quartier de la ville, plaque-tournante du trafic de drogues et d’armes.
J’assiste à 9 braquages de l’épicerie en face de ma fenêtre sans pouvoir rien faire, les braqueurs sont mes
voisins de palier, les policiers sont agressés quand ils tentent les interpellations.
Je suis au rez-de-chaussée, dans l’appartement le plus exposé aux hurlements, aux tags, aux projectiles.
Je dois acheter un casque antibruit pour trouver un peu de sommeil et installer des planches de protection
pour protéger mes carreaux, mon assurance habitation traîne les pieds pour rembourser les dommages
causés régulièrement, mon propriétaire voit rouge.
Dès lors je ne vois plus la lumière du soleil pendant de longues années.
Ma voiture est brûlée par des jeunes, puisque je ne peux plus payer l’assurance, elle finit en épave et je ne
toucherai aucun argent, je paye toujours le crédit auto pour une voiture qui n’existe plus.
Pôle emploi tarde souvent à me payer, parfois me radie sans raison, s’excuse, mais ne me paye que 2 mois
après, ce qui m’oblige à faire des chèques sans provisions pour manger.
Ces chèques en bois m’amènent à lutter contre des huissiers. La spirale de la misère s’installe.
Les repas du Resto du cœur ne me permettent pas de manger à ma faim – 2 paquets de pâtes pour 1
semaine entière. Je suis alors régulièrement aux urgences pour manger au chaud, un repas complet.
Je postule dans toutes les boîtes d’Interim, en plein hiver (-25° parfois) j’obtiens de faire les travaux de
démolition d’un chantier de bureaux, sur Reims pour le compte d’un homme d’affaire.
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