Page 187 - La pratique spirituelle
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Il y a un attachement au bien-être corporel. Lors d’une médi-  L’angoisse a-t-elle disparu à jamais de votre corps ?
 tation assise, je me suis dit : « Je cherche la joie dans le corps ».   Des résidus dans le corps, certainement. La peur est peu
 Il me faut arrêter de chercher la joie là où je ne la trouve pas.   ou pas présente, dans le psychisme.
 Avec l’intimité de votre enseignement, je vous devine m’invitant
 à revenir à la permanence de la conscience impersonnelle, syno-  Que peut-on faire vis-à-vis des émotions latentes (à part les
 nyme de joie.  voir), qui ne semblent pas motivées par un mental « visible »,
 La globalité est finalement une posture naturelle, puisque   mais plus par des croyances d’arrière-plan, inconscientes ?
 toujours présente et identique à elle-même. La posture projec-  Vous ne pouvez rien faire tant qu’elles n’émergent pas dans
 tive est, elle, transitoire, et finit toujours par s’effacer, au profit   la conscience observante. C’est à ce moment-là que la vision
 de ce qui la coiffe et dépasse.  doit les reconnaître en tant que telle, et ne pas s’oublier en elles.

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 Vous Jean-Marc, personnellement, précisément, qu’avez-vous   « Que ce soit la sensation qui est écoutée ou la pensée
 pratiqué et comment, lors de vos années de recherche ?  observée, laissez venir en vous la perception, en la lais-
 Écoute des enseignements et méditation silencieuse.   sant se déployer, jusqu’à ce qu’elle se dissolve complè-
 L’intérêt pour les approches corporelles n’est venu que dans   tement en vous, sans laisser de résidu. À un moment,
 un second temps, une fois la compréhension stabilisée.  l’accent n’est plus mis sur le contenu de la perception,
               mais glisse subrepticement vers ce qui la contient. La
 À quel rythme ?  perception remplit alors parfaitement son rôle, en révé-
 L’écoute des enseignements et la méditation silencieuse   lant la conscience qui la supporte. »
 prenaient tout mon temps libre lorsque je travaillais, et la   *
 majorité du temps lorsque je ne travaillais pas.
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 Étiez-vous aussi quelqu›un de très émotionnel ?  En ce moment, lors des assises silencieuses, il y a des sensations
 A priori, non.  physiques très fortes. Ce corps se tord. Il est tendu. Il crie comme
            un non, un refus. Je sens une volonté d’être libéré de tout ça. Ça
 Car j’imagine que toute démarche spirituelle découle d’une   me décale de l’écoute. Que faire ?
 souffrance.   Mettez-vous à l’écoute des résistances, sans chercher à les
 Une souffrance, oui certainement.  éliminer. Le corps trouve par lui-même sa posture, dès lors
            que vous ne lui imposez pas une posture préétablie. Maintenez
 Qu’en est-il maintenant ?  votre corps sensible, tactile, éveillé. Les énergies qui le com-
 S’il n’y a pas de refus, il n’y a pas de souffrance.  posent se mettent alors en place par elles-mêmes.




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