Page 188 - La pratique spirituelle
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Utiliser le « qui ? » ? Oui, on peut le dire ainsi. Dans la totale négligence du
Le questionnement sur la nature du « je » n’est pas, à pro- regardé, le regard reste suspendu en lui-même et réalise son
prement parler, un remède. Il est la manière dont la conscience inhérente unité.
s’actualise dans le mental, pour le ramener à elle. Il est l’ex-
pression de la vérité. Si l’on tient à le considérer comme un Unité au contenant, comment ?
remède, il l’est alors pour la maladie de s’identifier à ce que Il n’y a rien à faire pour être le contenant, car vous l’êtes à
nous ne sommes pas. chaque instant, que vous le sachiez ou non.
Que veut dire habiter le regard ? Quand l’attention part avec une pensée, quoi faire ?
Être un avec ce qui regarde. À l’instant où vous objectivez ce mouvement, vous êtes
déjà en dehors de lui. Ce qui est attentif ne peut jamais être
Lors d’assises, ça perçoit ce corps comme une image (une image en objet d’attention.
moi). Vous parlez d’hologramme, comme un double de ce corps.
La sensation n’est pas une représentation mentale. Comment l’idée de soi pourrait-elle venir s’échouer aux rives de
Différenciez les deux. Lorsque vous écoutez la sensation d’une l’immensité ?
main, vous la laissez s’éveiller, devenir vibration. Le mental est L’immensité ne se pose pas de question, car tout est
silencieux, libre de toute image. contenu en elle. Le miroir est indifférent au fait que des reflets
soient en lui. Même recouvert d’un épais rideau, il continue
à en réfléchir sa face obscure, car la réflexion est sa fonction.
Comment s’entraîner à être regard simplement ?
Voir ce que le regard n’est pas, en reconnaissant l’interpré- *
tation, la mémoire, qui se surimpose à lui. * *
« Toutes les zones obscures, c’est-à-dire non éclairées par
Y a-t-il des étapes ?
Le regard est toujours lui-même. Il est libre du devenir. la lumière de la conscience, suscitent un appel. Celui-ci
L’identification à ce que le regard n’est pas peut s’effacer par peut prendre la forme de douleurs, d’inflammations ou
paliers, donnant l’impression d’étapes progressives. Il ne s’agit que de phénomènes énergétiques divers. Le souffle est un
d’une impression, car ce qui contemple les étapes est sans étape. vecteur de lumière. Il prolonge la conscience et vient
illuminer les régions qui en ont besoin. Il se déploie
dans le silence de votre écoute, et traverse de lui-même
Dans mon expérience le regard est fragmenté, happé par les objets
de la conscience. Je pense que c’est l’attention, ce regard limité les densités qui l’appellent. »
dont vous parlez souvent avec l’image de la lampe torche. Ce *
faisceau qui regarde peut-il s’ouvrir sur lui-même à 360 degrés, * *
et se fondre en lui-même ?
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