Page 210 - La pratique spirituelle

C’est la non-pensée qui se réfléchit dans le mental en l’invitant que perdure l’identification au contenu des projections.
à se tourner vers elle, et non vers l’objet perçu. L’objet a été vu
comme n’étant pas la réalité elle-même. Il perd donc de son
pouvoir d’attraction et de fascination. Le mental continue tou-
tefois à tourner en rond, cherchant un support à quoi s’accro-
cher. Il peut créer en effet une image du Soi ou de la conscience
pure, et en faire un nouvel objet de dévotion. C’est toutefois le
signe de sa fin proche car, tôt ou tard, il réalisera qu’il n’est pas
possible de conceptualiser le sans-forme, sans créer une forme
de ce qui n’en a pas. L’effort est tout ce mouvement depuis la
périphérie vers le centre. Le non-effort est ce qui règne lorsque
l’attention est établie dans la non-localisation, qui transcende
les notions de périphérie et de centre, de dedans et de dehors.
L’effort est justifié tant qu’il y a identification au contenu de la
projection. Il s’éteint de lui-même lorsque la non-projection est
habitée, tout comme le vent s’arrête lorsque l’œil du cyclone est
habité. C’est l’effort qui vous quitte, et non vous qui le quittez.
* cher de l’ego. Mais il y a attachement à la finalité… il y a un
* *
L’effort appartient au moi qui est une saisie. Peut-on alors par-
ler d’effort pour objectiver l’effort ?
L’effort est un mouvement pour aller quelque part. Ce qui
est conscient du mouvement est en dehors du mouvement. Le
rappel de cette conscience libre du mouvement est suffisant
pour induire une désimplication.
* Le désir de ne pas faire d’effort est encore un effort. Le non-
* *
« Pour mettre le pied dans une chaussure, un certain
effort est nécessaire. Une fois que le pied et la chaussure
sont un, il n’y a plus trace d’effort. Il en est de même
avec l’attention. Un effort d’attention est nécessaire, tant
210
Ce qui perçoit cet effort est en dehors de l’effort. Ne res-
tez pas fixé sur le perçu, mais tournez le regard vers ce
qui perçoit. L’effort disparaîtra de lui-même, en temps
voulu. »
*
* *
Par quelle démarche répétitive ou introspective peut-on clari-
fier notre perspective ?
En revenant constamment au connaisseur du moi, il y
a déplacement de l’attention depuis le moi, objet, vers la
conscience, sujet. Vient un moment où l’objet apparaît inexis-
tant, dissous dans la conscience qui le contient.
*
* *
Je suis consciente de la nécessité de faire des efforts pour se déta-
espoir que l’effort soit récompensé ! Après l’effort vient le relâche-
ment, puis la dépression, le sentiment d’échec…
L’instant lui-même est son propre but. Il n’y a pas d’autre
but. L’instant est le but. Il n’a, toutefois, ni début, ni fin.
Échappant à toute temporalité, il révèle l’intemporalité.
Ne pas faire d’efforts semble sain. C’est le détachement, la
liberté !
effort concerne la conscience-témoin, qui, sans effort, témoigne
du monde qui se déroule en elle. Lorsque la conscience prend
en charge le mouvement, le mouvement se fait par lui-même,
par sa propre intelligence. Il n’y a pas de lutte.
211