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L ’ ANTIQUITE








          L'art de soigner était entièrement libre, depuis       « Le médecin-philosophe est l'égal des
         les prêtres-guérisseurs                                 Dieux »  (Hippocrate. De la Bienséance,

         des temples et sanctuaires, jus-                        5 )Ces médecins sont itinérants, pratiquant
         qu'aux exorcistes et rebouteux. De ce vaste             la médecine de cités en cités, la plupart des

         ensemble émergent des communautés fami-                 cités grecques de cette époque ne dépas-

         liales spécialisées dans l'art médical. Ce sont         sant guère quelques milliers d'habi-
         les Asclépiades, qui se transmettent savoirs et         tants.Venant de l'extérieur, le médecin doit

         pratiques, de père en fils, par apprentissage           inspirer la confiance en offrant des marques

         dès l'enfance. Hippocrate appartenait à l'une           de respect. Notamment en transposant le
         de ces familles qui faisaient partie de l'élite         respect des sanctuaires sacrés à celui du

         culturelle, au contact des grands cou-                  domicile du malade.
         rants philosophiques et scientifiques grecs.

         Le Serment   semble se placer au moment où                      Le serment à son origine
         ces communautés familiales s'élargissent aux            « Je jure par Apollon, médecin,

         étrangers  (par adoption ou contre rémunéra-            par Asclépios, par Hygie et Panacée, par

                                                                 tou
         tion ) pour leur enseigner la médecine.                           s les dieux et toutes les déesses, les
         Les Asclépiades se seraient séparés des prê-            prenant à témoin que je remplirai, suivant

         tres-guérisseurs, pour envisager les maladies           mes forces et ma capacité, le serment et

         comme un phénomène naturel et logique, et               l'engagement suivants :
         non pas comme une colère divine. Ce ne sont             Je mettrai mon maître de médecine au mê-

         pas des athées : la nature est bien d'origine           me rang que les auteurs de mes jours, je

         divine, mais la nature elle-même est soumise            partagerai avec lui mon savoir et, le cas
         à des règles autonomes, accessibles à                   échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je

         la raison humaine.                                      tiendrai ses enfants pour des frères, et, s'ils
                                                                 désirent apprendre la médecine, je la leur

                                                                 enseignerai sans salaire ni engagement. Je

                                                                 ferai part de mes préceptes, des leçons ora-
                                                                 les et du reste de l'enseignement à mes fils,

                                                                 à ceux de mon maître et aux disciples liés
                                                                 par engagement et un serment suivant la loi

                                                                 médicale, mais à nul autre. Je dirigerai le

                                                                 régime des malades à leur avantage, sui-
                                                                 vant mes forces et mon jugement, et je
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