Page 21 - 6 Dictionnaire Généalogique Nakam_Neat
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L'action militaire des insurgés se double d'une action politique visant à constituer un «
Gouvernement algérien libre » disposant d'une large assise territoriale et d'une capitale en La guerre d'Algérie, 1954-1962
Algérie, tous éléments susceptibles d'être présentés à la tribune de l'ONU comme l' « Algérie
libérée » . Le CRUA crée une « Armée de libération nationale » (ALN), au service d'une
nouvelle formation, le Front de libération nationale (FLN) où se rejoignent les membres du
Comité central du MTLD, de l'UDMA et de l'Association des ulémas, créée en 1935 par Ibn
Badis ; il est soutenu par les communistes. Seul, Ahmed Messali Hadj, en désaccord complet
avec les chefs du FLN, ne se rallie pas à ce dernier et transforme son MTLD en Mouvement
national algérien (MNA), qui groupe ses fidèles d'Algérie et de métropole et pratique
également l'action violente A l'intérieur même du FLN, les différences subsistent entre les
militaires (Ben Bella), les politiques (Lahouel, Ferhat Abbas, Ahmed, Francis) et les
religieux (ElMedani). Pourtant, son action aboutit à la création au Caire d'un Comité de
libération du Maghreb, commun aux trois pays de l'Afrique du Nord française (automne
1955), et surtout, après le congrès de la Soummam (août 1956), d'un Conseil national
de la révolution algérienne (CNRA) ; son exécutif, dit Comité de coordination et d'exécution (CCE), voudrait se transformer en
Gouvernement algérien, mais il ne réussit pas à obtenir l'appui de l'ONU malgré une vive propagande menée auprès des états de la Ligue
arabe, de l'Amérique latine, de la Scandinavie et des nations communistes.
6.2. La riposte militaire et l'agonie de la IVe République
Le gouvernement français essaie de déjouer l'insurrection générale par des mesures militaires sans précédent : rappel des disponibles (19
mai 1955, 11 avril 1956), proclamation de l'état d'urgence en Algérie (28 août 1955), quadrillage du terrain à l'aide de 400 000 hommes.
L'ordre rétabli dans les villes (bataille d'Alger, janvier-février 1957), l'armée s'attache à résorber les zones dissidentes.
Sur le plan politique, une série de réformes sont mises en route. Après les efforts tentés en 1955 par le gouverneur-général, Jacques
Soustelle, en faveur d'une politique d'intégration, le gouvernement Guy Mollet opte en 1956 pour la « personnalité algérienne » et charge
Robert Lacoste, ministre résidant en Algérie de février 1956 à mai 1958, de faire accepter le triptyque : cessez-le-feu, élections libres,
négociations, auxquels le FLN oppose le préalable de l'indépendance. Après l'échec d'une première loi-cadre (3 septembre 1957),
l'Assemblée nationale française vote un statut de forme fédérative (30 janvier 1958). Mais le bombardement aérien de la base FLN de
Sakiet-Sidi-Youssef, en Tunisie, provoque avec ce pays une crise grave, aux répercussions internationales. La longueur de la crise
ministérielle qui s'ensuit (mai 1958) et la crainte éprouvée par les Européens d'Algérie de voir ce pays abandonné ou partagé aboutissent à
Alger au mouvement du 13 mai (occupation du ministère de l'Algérie, création d'un Comité de salut public) et au retour au pouvoir du
général de Gaulle (→ crise du 13 mai 1958).
6.3. Vers l'indépendance
À peine investi des pleins pouvoirs (2 juin 1958), le général de Gaulle se rend en Algérie (4-7 juin) pour rétablir
l'unité nationale. Il donne la priorité aux problèmes économiques et sociaux et fait étudier un plan quinquennal
de développement de l'Algérie, dit « plan de Constantine », qu'il définit le 3 octobre. Au point de vue politique,
les incertitudes persistent. Dans le camp de l'insurrection, un Gouvernement provisoire de la République
algérienne (GPRA), présidé par Ferhat Abbas, remplace, en septembre, le Comité de coordination et
d'exécution. L'appel à la « paix des braves » lancé le 23 octobre 1958 par le chef de l'État demeure sans réponse.
Sa déclaration du 16 septembre 1959, par laquelle il proclame le droit des Algériens à l'auto-détermination et
propose une triple option – sécession, francisation ou fédération –, a, en revanche, un grand retentissement.
Tandis que le GPRA cherche à se faire reconnaître comme seul interlocuteur, des associations d'Européens se
groupent dans un Rassemblement pour l'Algérie Française, présidé par Georges Bidault.
Parmi les Européens se développe un climat passionnel que le rappel à Paris du général Massu (22 janvier
1960), symbole du 13 mai, transforme en colère. Celle-ci éclate lors de la journée sanglante du 24 janvier, suivie
de la « semaine des barricades » (25 janvier-1er février).
Cependant cette manifestation d'hostilité n'infléchit pas la politique du gouvernement : des commissions
d'élus sont constituées en Algérie et des rencontres officielles entre la France et le FLN ont lieu à Melun
(juin 1960). Mais les Algériens durcissent leur position et cherchent, par un appel à l'ONU et un voyage
du chef du GPRA à Moscou et à Pékin, à internationaliser le conflit. Après l'allocution du 4 novembre
1960, au cours de laquelle de Gaulle précise ce qu'il entend par « Algérie algérienne », voire par «
République algérienne », le climat s'alourdit encore à Alger. L'annonce d'ouverture de pourparlers
officiels à Évian provoque la rébellion de certains éléments de l'armée dirigés par les généraux Challe,
Jouhaud, Salan et Zeller (→ putsch d'Alger 21-26 avril 1961) ; mais la sédition s'effondre devant le refus
du contingent et de nombre d'officiers et de sous-officiers de suivre les factieux pour continuer la guerre,
et devant la détermination du pouvoir, soutenu par la grande majorité des Français métropolitains. Les
partisans de l'Algérie française se regroupent alors au sein de l'Organisation armée secrète (OAS). Les
conversations entre la France et le FLN reprennent à Évian (20 mai), puis à Lugrin (20 juillet). Sur le plan
algérien, la session à Tri-poli du Conseil national de la révolution algérienne, organe suprême du FLN
(août 1961), accentue l'orientation socialiste des projets de nouvel État et place Ben Khedda à la tête du
GPRA.
Malgré la multiplication des heurts entre communautés européenne et musulmane,modalités de l'autodétermination un accord est conclu à
Évian (→ accords d'Évian, 18 mars 1962) et un cessez-le-feu intervient. La nouvelle de l'accord provoque une fois encore une flambée
terroriste (insurrection OAS de Bab-el-Oued [23 mars], manifestation des Européens et fusillade de la rue d'Isly à Alger [26 mars]). Elle
n'enraye pas toutefois la mise en place de l'Exécutif provisoire algérien, qui, sous la présidence de A. Farès, fonctionne à partir du 7 avril. Le
référendum d'autodétermination (1er juillet 1962) donne une très forte majorité en faveur de indépendance, mais coïncide avec une grave
crise au sein du FLN.