Page 19 - 6 Dictionnaire Généalogique Nakam_Neat
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L'installation française
Le second Empire porte son effort militaire sur les pays berbères, dont il s'attache à obtenir la
soumission : après la prise de Zaatcha (1849) Armand Jacques Achille Leroy de Saint-Arnaud,
s'attaque à la Petite Kabylie (1849-1852) ; sous le gouvernement du maréchal Randon, en 1857, la
France affirme son autorité sur la Grande Kabylie en créant, après la prise d'Ichériden, Fort-
l'Empereur (devenu Fort-National). La pénétration s'exerce au sud d'abord –après l'occupation des
oasis de Laghouat et de Touggourt (1854), l'explorateur Duveyrier pénètre chez les Touareg puis
dans le Sud-Oranais où, après plusieurs expéditions contre les Beni Snassen , les confins algéro-
marocains seront soumis, à la veille de la guerre de 1870, par le général de Wimpffen.
Mais la France hésite entre une politique d'assimilation et une politique de semi-autonomie. De
1852 à 1858, Napoléon III substitue au régime civil de la I République un régime militaire qui
supprime la représentation algérienne au Parlement, mais maintient les trois départements (Alger,
Oran, Constantine), créés par la République et administrés par les préfets, à l'exception des
territoires militaires du Sud. Pour faciliter la colonisation, le gouverneur général Randon cantonne
les autochtones ; mais l'hostilité des colons au contrôle de l'armée, jugé trop favorable aux
musulmans, provoque, en 1858, la suppression du gouvernement général et son remplacement par
un ministère de l'Algérie et des Colonies, siégeant à Paris et confié au prince Napoléon qui,
incompétent, est remplacé dès 1859 par le marquis de Chasseloup-Laubat.
Un voyage qu'il accomplit en Algérie en septembre 1860 incite Napoléon III, séduit par la
noblesse des autochtones et mécontent des abus de la colonisation européenne, à renoncer à la
colonisation et à promouvoir l'idée du royaume arabe », qui doit être non pas exploité, mais élevé
au niveau de la métropole (lettre à Pélissie de 1863). Il rétablit donc le gouvernement général et le
régime militaire. Pelissier, 1863-1864, et Mac-Mahon, et le sénatus-consulte de 1863 rendent les
douars propriétaires des terres qu'ils occupent. Cette politique a pour contrecoup le ralentissement
de la petite colonisation européenne (4 500 nouveaux colons seulement de 1860 à 1870) au profit
de la grande colonisation capitaliste (Compagnie genevoise, autour de Sétif : 20 000 ha dès 1853,
etc.).
4. L’Algérie de 1870 à 1919
La substitution de la République à l'Empire révèle les difficultés latentes : hostilité des colons
envers l'armée, problème israélite, problème kabyle. Pour satisfaire les Européens, le régime civil
est rétabli ; les Juifs algériens reçoivent la citoyenneté française (décret Crémieux du 24 octobre
1870) ; la Kabylie, émue par les mesures en faveur des Juifs et par la défaite française, se révolte,
le 14 mars 1871, sous la direction du bachagha Mokrani, qui proclame la guerre sainte et entraîne
150 000 hommes qui pénètrent même dans le Hodna. Mais, en mai, Mokrani est tué, et au bout de
sept mois, l'amiral de Gueydon écrase l'insurrection ; le désarmement des Kabyles, une amende
de 36 millions, la confiscation de la Kabylie. L'extension de la domination française vers le Sud
algérien se traduit par l'occupation du Mzab Elle est facilitée par l'accord franco-britannique de
1890, qui laisse la France libre d'agir dans cette direction. Quant à la frontière marocaine, elle est
fixée en 1903. Partisans de la politique d'assimilation, les colons décident de la soumettre au droit
commun. Dès 1873, une loi substitue à la propriété collective des tribus la propriété individuelle
de l'autochtone, qui ne peut résister aux offres d'achat des Européens.
La colonisation officielle d'Alsace-Lorrain (après l'annexion de leurs provinces par l'Allemagne)
et la colonisation libre en reçoivent une impulsion décisive : de 1871 à 1881, 130 000 colons
s'installent en Algérie. Mais le transfert de propriétés est si rapide qu'un arrêt de la Cour de
cassation de 1888 doit annuler la loi de 1873, de peur d'une expropriation définitive des
autochtones. La force numérique des colons et de leurs élus algériens leur permet pourtant de
faire appliquer par le gouverneur Albert Grévy, (frère du président de la République 1879-1881.),
la politique des « rattachements ».
Les affaires locales sont réparties entre neuf ministères parisiens, le gouverneur n'est plus qu'un
agent d'exécution du gouvernement, les lois françaises sont applicables aux Européens d'Algérie
(décrets de 1881). En 1889, une loi naturalise automatiquement tous les étrangers nés en Algérie.
Quant aux autochtones, ils sont placés sous le régime de l'indigénat : la
justice répressive et expéditive est rendue non par l'autorité judiciaire,
mais par l'autorité administrative, avec, pour peines, l'internement,
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l'amende collective, etc. Le régime de centralisation et d'assimilation
politique, complété par une semi-ségrégation pratiquée à l'égard des
autochtones, échoue. Jules Ferry le dénonce dans son rapport de 1892.
L'Algérie ne peut être le prolongement de la France ; elle n'est qu'une
colonie, dit-il en substance. De 1896 à 1902, on renforce les pouvoirs
du gouverneur-général, qui ne dépend plus que du seul ministre de
l'Intérieur. L’Algérie obtient un budget autonome. Dans le cadre
départemental, on distingue trois types de municipalités : commune de
plein exercice, régie par la loi française ; commune mixte, où l'élément
autochtone peut être admis à la commission municipale ; communes
indigènes, qui conservent leurs coutumes sous le contrôle d'un
administrateur ou d'un officier. En 1919, une loi élargit la place des
autochtones dans les assemblées locales ; de 1914 à 1944, le régime de
l'indigénat disparaît progressivement.
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