Page 20 - 6 Dictionnaire Généalogique Nakam_Neat
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5. L’Algérie de 1919 à 1954
5.1. La vie économique
La colonisation entraîne l'ouverture de routes, la construction de voies ferrées, le défrichement de nouvelles
terres. Les cultures de céréales, et de vigne, surtout, se développent rapidement ; du sous-sol, sont extraits le
fer et le phosphate ; Alger devient le deuxième port français. Le nombre des colons s'accroît et le
pourcentage des étrangers (italiens dans le Constantinois, et surtout Espagnols en Oranie) augmente sans
cesse : ainsi se constitue une importante communauté européenne dont la personnalité originale s'affirme.
Grâce aux Sociétés indigènes de prévoyance (SIP) créées en 1933, l'agriculture traditionnelle algérienne-
musulmane se développe surtout dans le cadre des SAR. (Secteurs d'amélioration rurale)
5.2. La montée des oppositions
Mais les autochtones ne sont pas assimilés, car l'islam les rend en général imperméables à la culture française. D'ailleurs, l'implantation
scolaire reste très insuffisante et le prosélytisme chrétien inefficace ; enfin, l'administration française, par souci de centralisation et de
commodité bureaucratique, favorise la diffusion de l'islam dans les pays berbères. Certes de jeunes Algériens sortis des écoles françaises à
partir de 1910, mais attachés à l'islam, accepteraient la citoyenneté française, à condition de conserver leur statut personnel, mais ils se
heurtent à l'opposition des colons, qui feront échouer le projet de la loi Blum Violette de 1937 (accordant les droits politiques aux « évolués
algériens »), et à celle des ulémas, hostiles à toute assimilation.
À partir de 1935, le cheikh Ibn Badis, président de l'Association des ulémas d'Algérie, veut, au nom d'un islam rénové, faire de l'Algérie une
nation et, au nom des principes de 1789, obtenir l'égalité des droits avec les Européens, puis la constitution d'une « nation démocratique sous
le protectorat de la France, idées qu'il défend jusqu'à sa mort, en 1940. Mais, déjà, il est débordé par des partis plus dynamiques : le Parti
communiste algérien (PAC), fondé, en 1935, au congrès de Villeurbanne, qui soutient un programme nationaliste, et, d'autre part, le parti de
Ahmed Messali Hadj. Celui-ci a pour origine le Mouvement de l'Étoile africaine, fondé en 1926 par Ali Abd el-Kader et lié, au début, au Parti
communiste. Le mouvement ayant été dissous, Messali Hadj le reconstitue, en 1929, sous le nom d'Union nationale des musulmans nord-
africains, transformée à Nanterre, en 1937, en parti populaire algérien (PPA). Ses membres se recrutent parmi les travailleurs algériens de la
région parisienne et visent à l'indépendance totale de l'Algérie. Mais, au début de la Seconde Guerre mondiale, les problèmes nationalistes
sont relégués au second plan, et le PPA est dissous.
5.3. L’Algérie et la Seconde Guerre mondiale
Après l'armistice de juin 1940, l'Algérie reste sous l'autorité du gouvernement de Vichy. Le 6 septembre, Maxime Weygand est nommé à
Alger délégué général du gouvernement et commandant en chef pour toute l'Afrique française. Sorte de proconsul, s'il applique en Algérie le
programme de la révolution nationale (abolition du décret Crémieux), il négocie avec le consul américain à Alger les accords dits Weygand-
Murphy qui assurent le ravitaillement de l'Afrique du Nord en produits alimentaires et pétrole ; sur le plan militaire, il limite au maximum
l'action des commissions de contrôle germano-italiennes et couvre de son autorité toute une organisation de réarmement clandestin des
troupes d'Algérie. Rappelé en France en novembre 1941, à la demande des Allemands, il est remplacé comme commandant en chef par le
général Alphonse Juin qui, comme son prédécesseur, prépare les troupes à lutter contre toute agression. Après le débarquement allié (→
débarquement anglo-américain en Afrique du Nord) le 8 novembre 1942, l'Algérie est d'abord la base arrière indispensable des forces anglo-
américaines et françaises engagées en Tunisie, puis contribue, comme la Tunisie et le Maroc, à la formation d'une nouvelle armée française,
équipée par les Américains, engagée en Corse, en Italie, puis en Provence. Plus d'un demi-million d'hommes, dont la moitié nord-africaine,
sont mobilisés à cette fin. Alger, capitale de l'effort de guerre allié en Méditerranée occidentale (PC d'Eisenhower), est aussi et surtout la
capitale de l'Afrique française en guerre ; siège du conseil impérial, formé des gouverneurs des colonies, que préside Darlan jusqu'à son
assassinat (24 décembre 1942), puis du commandant civil et militaire du général Henri Giraud, Alger devient, à compter du 3 juin 1943, celui
du Comité français de libération nationale (CFLN), présidé conjointement par Charles de Gaulle et Giraud, jusqu'à l'élimination progressive
de ce dernier.
L'arrivée de nombreux délégués de mouvements de résistance, la réunion d'une assemblée consultative à Alger le 17 septembre 1943, puis la
transformation du CFLN en Gouvernement provisoire de la République française (3 juin 1944) font d'Alger la capitale politique de la France,
en guerre jusqu'à la libération de Paris.
5.4. L'évolution constitutionnelle et politique (1943-1954)
La perte du prestige de la France due à la défaite de 1940, la participation des Algériens à l'effort de guerre du CFLN incitent les leaders
musulmans à réclamer le partage du pouvoir. Le rôle capital est joué par Ferhat Abbas, fondateur, en 1938, de l'Union populaire algérienne
pour l'accession à la citoyenneté française des musulmans, malgré l'opposition du Parlement, hostile à l'égalité entre les deux communautés
européenne et musulmane, et celle des messalistes, adversaires de l'assimilation.
En décembre 1942, il adresse un message aux autorités françaises. Ne recevant pas de réponse, il signe, le 10 février 1943, avec 28 élus
musulmans, le Manifeste du peuple algérien, à la fois apologie et procès de la culture et de la colonisation françaises, dont l'abolition est
réclamée. Ce document demande en outre l'octroi d'une Constitution garantissant la liberté, l'égalité et la participation effective des
musulmans au gouvernement de l'Algérie. Pour diffuser ce programme, Ferhat Abbas créera l'Association des amis du manifeste en 1944 et,
en 1946, l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA). La conférence de Brazzaville (1944), qui promet l'émancipation des peuples
coloniaux et leur intégration dans le cadre d'une « Union française », suscite de nouveaux espoirs. Mais cette autonomie, qui, pour les
Berbères, représentait l'indépendance totale, n'étant pas accordée, une première insurrection éclate dans la Kabylie des Babors et le
Constantinois, en mai 1945, alors même que la guerre se termine en Europe : la mort d'une centaine de Français entraîne une répression très
sévère, qui fait des milliers de victimes en particulier à Sétif. Quelques concessions sont faites aux musulmans : déjà, l'ordonnance du 7 mars
1944 avait accordé la citoyenneté française à certains musulmans qui conservaient pourtant leur statut personnel ; surtout, le statut organique
de l'Algérie du 20 septembre 1947 crée une Assemblée algérienne de 120 membres, élus par moitié par le collège des citoyens (464 000
Français et 58 000 Français-musulmans), et par celui des non-citoyens (1 200 000 Algériens).
6. La guerre d’Algérie (1954-1962)
6.1. L'insurrection
La révolte éclate en effet dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, et surprend totalement les autorités, qui ne croient qu’a un
soulèvement tribal analogue aux révoltes antérieures, alors que le mouvement a était préparé de longue date. L'insuffisance des forces
françaises, due à la campagne d'Indochine, favorise le soulèvement, qui, parti des bastions montagneux de l'Aurès et des Nemencha, se
prolonge le long des axes orographiques de l'Atlas Tellier et de l'Atlas saharien, reliés vers l'est par les monts du Hodna. Le Nord-
Constantinois, la Kabylie et le Sud-Algérois sont ainsi touchés, tandis qu'aux confins algéro-marocains des bandes armées venues du Rif ou
du Maroc chérifien s'implantent dans les monts des Traras et le massif boisé de Tlemcen.