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DICTIONNAIRE CRITIQUE DU CANNABIS
l'Académie nationale de médecine sur ce sujet avaient été conclus
par le raccourci : « Le cannabis : un faux médicament, une vraie
drogue ».
Le chanvre indien qui avait été inscrit très autrefois à la pharmacopée
française en a été retiré, il y a plus d'une cinquantaine d'années,
alors qu'on disposait de beaucoup moins de médicaments efficaces
que maintenant. Il n'avait pas laissé de souvenirs impérissables ; ses
effets n'ayant rien d'irremplaçable et ses propriétés addictives étant
déjà avérées.
Des lobbies, qui réclament son retour, verraient bien ressusciter
les cigarettes thérapeutiques d'antan. Cela fait plus d'une trentaine
d'années que toutes les cigarettes ont disparu de la pharmacopée.
Il s'agissait de cigarettes antiasthmatiques comportant de la
belladone, de la jusquiame, de la stramoine ou datura ; dont les
fumées dispensaient de l'atropine ou de l'hyoscyamine, aux effets
bronchodilatateurs, pour s'opposer à la bronchoconstriction
pathognomonique de l'asthme. L'efficacité sur cette composante
était relativisée par l'inflammation de la muqueuse bronchique, qui
réduit la lumière des bronchioles. Les effets cancérigènes du tabac,
qui commençaient à être bien connus, ont consacré leur éviction.
Ignorant ou oubliant cela, d'aucuns voudraient autoriser des
cigarettes de cannabis, en argumentant : « comme ça se fait ailleurs ».
Le cannabis déguisé en médicament est une nouvelle version du
« Cheval de Troie », pour le faire entrer dans la cité, la tête haute,
sous les acclamations d'une foule reconnaissante. Madame Marisol
Touraine, alors ministre de la Santé, n'a eu de cesse de prendre un
arrêté (juin 2013), autorisant l'usage thérapeutique du cannabis
« et de ses dérivés » (sic) comme si une plante avait des dérivés.
Ses services, bousculés par l'urgence, ont, dans leur précipitation,
confondu dérivés et constituants. L'arrêté prenait effet dès le
lendemain de la parution au Journal Officiel. Peu de temps après
était délivrée une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.)
d'une sorte de « bidouillage » (comme la pharmacologie s'interdit
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