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SCHIZOPHRÉNIE



                 Il induit une résistance aux traitements antipsychotiques ; avec
                 pour corollaire un allongement de la durée moyenne des séjours
                 hospitaliers occasionnés  par  une décompensation  psychotique  ;
                 il  déclenche  des  décompensations  lors de  l'intensification  de  la
                 consommation de la drogue. Il est souvent en cause dans les actes
                 d'auto- ou d'hétéro-agressivité dont sont parfois responsables les
                 schizophrènes. Le plus régulièrement actif des antipsychotiques du
                 marché, la clozapine, est le seul à posséder un effet antagoniste des
                 récepteurs CB1*.
                 Cette relation entre le cannabis et la schizophrénie/les psychoses/
                 la folie/l'aliénation mentale (pour reprendre des expressions qui
                 au cours du temps ont été utilisées) est connue depuis 1853, par
                 le livre de l'aliéniste (on dit aujourd'hui le psychiatre) Jacques
                 Joseph Moreau (de Tours, eu égard à ses études médicales dans
                 cette ville), intitulé : « Du Haschich et de l'aliénation mentale ». Une
                 autre alerte est née en 1972 (Tennant et Groesbeck) par le constat
                 d'une incidence accrue de cas de schizophrénie chez les jeunes
                 soldats américains stationnés en Europe après la deuxième guerre
                 mondiale, qui trompaient leur ennui en consommant du cannabis.
                 Puis vint l'étude véritablement séminale  de Sven Andréasson,
                 en Suède, qui a suivi pendant 10 ans (entre l'âge de 18 ans et 28
                 ans) l'évolution de la santé mentale de 50.000 conscrits suédois
                 de l'année 1971 et constaté qu'une consommation de plus de 50
                 « joints* » (en tout) avant l'âge de la conscription, multipliait par
                 6 le risque de devenir schizophrène avant l'âge de 28 ans. Les
                 conclusions de cette étude ont été corroborées par les travaux d'un
                 Gallois, Stanley Zammit.
                 Marie-Louise Arsenault, en Nouvelle Zélande, a comparé le statut
                 psychiatrique de 1.000 collégiens, ayant débuté leur consommation
                 de cannabis entre 12 et 15 ans, à celui d'autres n'ayant commencé
                 qu'entre 15 et 18 ans, et à d'autres enfin qui à 18 ans n'en avaient
                 jamais utilisé. Si chez ces derniers, 1 % d'entre eux étaient
                 schizophrènes  (car  on  peut  devenir  schizophrène  sans  jamais


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