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DICTIONNAIRE CRITIQUE DU CANNABIS
Dépendance physique
Toutes les drogues induisent une dépendance psychique*, certaines
seulement induisent en outre une dépendance physique. Étaient
classiquement qualifiées de drogues « dures » les drogues induisant
simultanément une dépendance psychique et une dépendance
physique. Les troubles physiques qui s'ajoutent aux troubles
psychiques rendent l'abstinence*/le sevrage* insupportable, le sujet
éprouvant un besoin urgent et irrépressible d'échapper à cet inconfort
majeur. Ce phénomène culmine avec l'héroïne ; le sujet présente une
sensibilité douloureuse accrue, il ressent des douleurs abdominales
et musculaires ; qui peuvent s'associer à une diarrhée ; ses pupilles
sont dilatées, entraînant une photophobie… Le cannabis donne
naissance à une dépendance physique ; néanmoins cette dépendance
est largement masquée par la très lente élimination du THC* ; cette
lenteur d'élimination étale sur une longue période les troubles de
l'abstinence. Sa réalité peut être rendue intense en mimant une
élimination rapide du THC, par l'administration d'un antagoniste
des récepteurs CB1*, le rimonabant*, chez un individu ou chez un
animal devenus dépendant au THC*, par son administration semi-
chronique. Les manifestations qui surviennent alors rappellent celles
constatées chez un individu dépendant de l'héroïne, brutalement
privé de celle-ci ; ou encore chez l'animal rendu dépendant aux
morphiniques, chez qui l'on fait cesser brutalement la stimulation
des récepteurs opioïdes par l'administration d'un antagoniste de ces
récepteurs opioïdes, la naloxone.
Dépendance psychique
Toutes les drogues induisent une dépendance psychique. En
l'absence de dépendance physique, elles étaient classiquement
qualifiées de « drogues douces ». Cette dépendance psychique est
constitutive de l'addiction. Le tabac, par exemple, ne détermine
qu'une dépendance psychique. Le tabagique privé de nicotine n'en
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