Page 26 - EXTRAIT ANACALYPSE

évitait de risquer rester prisonnier au cas où une secousse plus
violente en déglinguerait le chambranle.
Elle salua Ioanna et Yorgos, ainsi qu’une dizaine d’autres
habitants du quartier et quelques enfants, puis avisa le travail
à faire. Tous s’affairaient à ranger tant bien que mal la salle
qui avait été une bibliothèque pour les élèves de cette école
autrefois jolie. Les étagères qu’ils avaient remises debout lors
de leurs premières rencontres ici étaient de nouveau à terre,
ainsi que les livres qui n’avaient pas été pillés ni utilisés comme
combustibles. Quelques plaques du faux-plafond étaient
tombées sur les tables et les chaises empilées puis poussées
contre le mur où se trouvaient les fenêtres.
« Je vous avais bien dit qu’il fallait mieux tout caler »,
grommelait Yorgos, tout en époussetant les ouvrages rescapés.
« Encore une chance qu’aucun court-circuit n’ait foutu le
feu. »
Comme son mari grognait, Ioanna, occupée à nettoyer les
tables et à y installer de quoi grignoter, soupira en levant les
yeux au ciel d’un air amusé.
Terry décida d’achever ce qu’elle avait commencé lors de
leur dernier atelier et grimpa sur une échelle afin d’installer une
série de LED destinées à remplacer les vieilles ampoules ; tout
à son travail, elle regardait ses amis du coin de l’œil, amusée.
Le Grand Séisme avait ravagé un pays déjà fortement abîmé
par les mesures économiques drastiques imposées par les
créanciers de l’État ; toutefois, Terry ne pouvait s’empêcher
de penser que cela avait permis de développer ici et là de jolies
bulles de solidarité. Bien sûr, cela avait commencé au plus
fort de la crise économique, et avait été une des conditions
essentielles de survie. Mais les grosses colères de Chtonos
avaient fait se rapprocher les humains… du moins ceux restés
ici, par choix ou par impossibilité de payer un voyage d’exil.
Terry vérifia une nouvelle fois la fixation de son installation
et demanda qu’on allumât ; la lumière inonda la pièce.

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