Page 27 - EXTRAIT ANACALYPSE
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« Juste à temps ! », s’exclama, joyeux, Yorgos, tandis que
Terry descendait de l’échelle.
À cet instant arrivait Anastasia qui annonça :
« Ce soir, pas de coupure ! L’équipe du réseau d’énergie
m’a confirmé que nous aurons du courant dans le quartier ».
Terry se tourna vers son amie pour la saluer. Elle se figea.
Anastasia venait d’ôter ses lunettes de soleil et son écharpe, et
plus rien ne masquait les ecchymoses sur son visage.
« Kostas ? demanda Terry à son amie.
— Il devient plus fou à chaque séisme, chuchota la fonc-
tionnaire de l’ELLASUN en serrant Terry dans ses bras. Je
crois que c’est l’Ana… Je suis allée à la police aujourd’hui.
— Et ?
— Et rien. »
Anastasia posa au sol le sac en cuir qui contenait du
matériel de premiers soins, puis se libéra du gros sac à dos en
clamant à tue-tête :
« Aujourd’hui, c’est l’ELLASUN qui régale ! »
On fit cercle autour d’elle et la soirée commença. Anastasia
fit passer à l’assemblée bouteilles de jus de fruits et d’eau,
biscuits de toutes sortes, barres de chocolat et fruits secs.
Un peu à l’écart, Terry sortit de sa besace un carnet de
dessin et des crayons, s’assit en tailleur sur une des tables
et esquissa la scène. Son attention se porta tout entière à
restituer les rires des enfants ravis de ce goûter impromptu
et les coups d’œil attentionnés de Ioanna pour son mari. Elle
se forçait à ne pas penser à Anastasia, mais sa colère envers
Kostas était trop forte pour qu’elle la contînt et son crayon
dérapa soudain, laissant une grande trace noire sur la feuille.
Au même instant, un roulement de tonnerre gronda, qui fit
tinter les rares vitres encore en place. Les rires cessèrent,
personne n’osant bouger : s’agissait-il vraiment d’un orage,
ou d’un nouveau séisme ? Le silence s’installa ; puis, comme
aucune vitre ne tintinnabulait, on reprit peu à peu son souffle.
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