Page 342 - Traité de chimie thérapeutique 6 Médicaments antitumoraux
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298               MEDICAMENTS INDUISANTOUSTABILISANTDES COUPURES DE L'ADN


                                     topo-isomérase
                             n tours 0           n-1 tours

                    reconnaissance et liaison IIIIIIIIIIIIIIIIID  libération de l'enzyme
                                        ADN
                                                     t@@me

                                              réaction de religationr
                             coupure simple brin



                                       rotation d'un brin

              Schéma 3 :  Représentation schématique de l'activité de la topo-isomérase I dans la
                        fonction de relaxation d'une contrainte de torsion de I'ADN
              - coupure de l'ADN (schéma 4) : ce phénomène est réalisé par une réaction de transes-
                térification mettant en jeu l'attaque d'une tyrosine (en position 723 pour la topo-iso-
                mérase I humaine) du site actif de l'enzyme sur le groupement phosphate situé en 3'
                ou 5' d'un désoxyribose. Une liaison covalente phosphodiester est formée avec libé-
                ration de l'hydroxyle en 5' ou 3', ceci générant la cassure du brin d'ADN. L'intermé-
                diaire est appelé complexe de coupure. L'enzyme agit par formation d'une nouvelle
                liaison covalente et par stabilisation de la partie désoxyribosique libérée. C'est à ce
                niveau qu'agissent certains inhibiteurs de la topo-isomérase I (ex. : camptothécine) ;
              - passage d'un simple brin à travers la coupure : cette étape est la plus mal connue
                (CHAMPOUX, 2001). Elle nécessite une modification importante de la conformation de
                l'enzyme. Pour les topo-isomérases de la sous-famille IA, ce passage s'effectue par
                passage d'un brin à travers la coupure stabilisée (LIMA et al., 1994). Pour la topo-
                 isomérase humaine (type IB), l'équipe de CHAMPOUX a suggéré un phénomène de rota-
                tion contrôlée qui permettrait, dans une conformation ouverte de l'enzyme, une rota-
                 tion du double brin en aval de la coupure pour soulager les forces de tension (STEWART
                 et al., 1998). Dans cette dernière hypothèse, plusieurs degrés de surenroulement
                 pourraient être éliminés ;
               - religation du brin d'ADN: il s'agit d'une autre transestérification réalisée, à l'inverse,
                 par attaque nucléophile de l'hydroxyle en 5' ou 3' sur le phosphodiester précédem-
                 ment formé. Cette étape permet de restaurer la continuité du brin d'ADN.
                 • Les enzymes appartenant au type Il permettent la coupure de deux brins d'ADN, le
               transport de deux autres brins d'ADN et enfin la religation des deux premiers.
                 Contrairement aux topo-isomérases de type 1, elles enlèvent deux tours de superen-
               roulement (négatif ou positif) par cycle de réaction catalytique.
                 Les études sur la compréhension du mécanisme réactionnel des topo-isomérases Il
               furent très liées à celles effectuées sur l'ADN gyrase d'E. co/i et de la topo-isomérase Il
               de S. cerevisiae de structure respective hétérodimérique (B,A,) et homodimérique (BA),.
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