Page 420 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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6 GÉNÉRA UTÉS SCR LES STÉROÏDES                               381

          2.2.  LES MATIÈRES PREMIÈRES

          Ce sont des stéroïdes d'origine végétale ou animale ; de nombreux produits sont
          théoriquement utilisables. En pratique courante, ils peuvent être classés en deux
          groupes :
          -  les dérivés peu fonctionnalisés : stérols (cholestérol, d'origine animale ; sitostérol et
            stigmastérol, d'origine végétale ou fermentaire) (cf. schéma page suivante).
          -  les dérivés fonctionnalisés : diosgénine (présente sous forme d'hétéroside dans
            certaines Dipscoréacées), acides biliaires (acides cholique et désoxycholique).
            Selon l'endroit de la coupure de la chaîne (liaisons 17(20) ou 20(22)), sont obtenus
          des dérivés de type androstane ou de type pregnane. L'accès au pregnane (coupure
          20(22)) est difficile avec les stérols, mais plus facile avec les matières premières fonc­
          tionnalisées (diosgénine, acide cholique).
            Les réactions de dégradation utilisées sont, soit chimiques, soit enzymatiques.
            Aucun produit naturel ne possède une teneur suffisante en dérivés de l'estrane, ce
          qui explique l'utilisation de procédés industriels de synthèse totale pour les estro­
          gènes ; cette démarche est inhabituelle, sinon unique, pour des structures aussi com­
          plexes (cf. chapitre Estrogènes).
            Sont envisagées successivement :
          -  la dégradation de la chaîne latérale des stéroïdes naturels,
          -  les transformations des dérivés de l'androstane en ceux de l'estrane ou du pre­
            gnane,
          -  la fonctionnalisation des carbones 11 et 9 (accès aux corticoïdes).


          2.3.  DÉGRADATION DE LA CHAÎNE LATÉRALE
               DES STÉROÏDES NATURELS

          2.31.  Cas des stérols
          Par voie enzymatique
          La dégradation enzymatique des stérols est bien connue et aboutit normalement à
          des produits aromatiques tricycliques sans valeur thérapeutique (ouverture du cycle
          B). Toutefois, en sélectionnant les micro-organismes (cf. schéma p. 383), il devient
          possible de bloquer cette dégradation en obtenant des 20-carboxypregnanes (dérivés
          1 et 2) ou l’androst-4-ène-3,17-dione et son dérivé déshydrogéné (dérivés 3). Les
          métabolites 3 conduisent directement aux dérivés de la testostérone.
            Les enzymes utilisées pour cette dégradation proviennent essentiellement de
          mycobactéries et de Nocardia ; les rendements peuvent atteindre 60 %. Une oxyda­
          tion supplémentaire peut être réalisée dans le cycle A par Arthrobacter simplex : l'an-
          drosta-1,4-diène-3,17-dione est obtenue à partir du cholestérol, avec un taux de
          conversion de 90 %.
            Les métabolites 1 et 2 comportent 22 carbones : ils peuvent donc conduire aux
          dérivés du pregnane, à condition d'éliminer le carbone surnuméraire 22.
            Ceci peut être réalisé par décarboxylation oxydative (tétra-acétate de plomb) ou
          plus classiquement par réaction de Curtius (action du chlorure de thionyle, azoture de
          sodium, puis hydrolyse).
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