Page 482 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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            7. ESTROGÈNES

             Globalement, 80 % en moyenne de la dose administrée se retrouvent dans les
           urines, bien que la moitié des métabolites soient sécrétés dans la bile ; mais ces der­
           niers sont en grande partie réabsorbés, ce qui fait que moins de 10 % de la dose
           administrée se retrouve dans les fèces.
           3.2.  ETHINYLESTRADIOL ; MESTRANOL

           L'éthinylestradiol est complètement résorbé après administration par voie orale. La
           valeur moyenne de sa biodisponibilité (45 %) résulte d'un effet de premier passage
           hépatique, ce qui justifie l'utilisation de la voie periinguale.
             Le pic sérique est atteint en une heure. L'éthinylestradiol est fortement lié (98 %) aux
           protéines plasmatiques. La demi-vie sérique est de l'ordre de 8 heures. Le métabo­
           lisme est hépatique. La plus grande partie (90 %) est glycuro ou sulfoconjuguée en 3.
           Le reste est sécrété par la bile et peut être hydrolysé dans l'intestin ce qui permet la
           réabsorption de l'éthinylestradiol (cycle entérohépatique).
             La fraction non conjuguée peut subir des réactions d'hydroxylation en position 2 ou
           4 et accessoirement 6a et 16p. Ces métabolites sont éliminés après méthylation et
           (ou) sulfo et glycuroconjugaison des fonctions phénoliques. Le métabolisme peut éga­
           lement affecter le substituant éthynyle, soit par coupure de la liaison 17(20) pour
           conduire à l'estrone ou l'estradiol, soit par coupure de la liaison acétylénique : le car­
           bone 20 s'insère dans le cycle D et conduit à des métabolites D-homo.
             Finalement, 60 % de la dose administrée sont éliminés par voie urinaire.
             Le mestranol est une prodrogue de l'éthinylestradiol. Il est résorbé par voie orale et
           rapidement déméthylé (vraisemblablement) dans le foie, avec toutefois des variations
           interindividuelles importantes.


           4.    MÉCANISME D'ACTION
           Les récepteurs estrogéniques sont principalement localisés au niveau du tractus gél
           tal (utérus, vagin, ovaires), des glandes mammaires et, également, de l'hypothalamui
           et de l'antéhypophyse. Ils sont relativement proches des récepteurs progestagéniques
           et androgéniques (cf. chapitre Généralités, Stéroïdes). D'ailleurs, in vitro, il est pos­
           sible de comparer, sur des organes ou des cellules isolées, l'affinité des hormones
           naturelles ou des produits de synthèse pour ces récepteurs :

                                   récept. E   récept. P   récept. A
                  17p-estradiol    100-125       1-3        3-10
                  17a-estradiol     10-15
                  estrone           25-50
                  estriol           10-15
                  éthinylestradiol  100-125     15-25        1-3
                  moxestrol         10-15
                E = estrogène (utérus de souris) ; P = progestagène (utérus de lapine) ;
                A = androgène (prostate de rat).
             Ces affinités sont toutefois à comparer et à interpréter avec précaution, dans la
           mesure où ces résultats ne préjugent pas des effets in vivo.
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