Page 85 - Traité de Chimie Thérapeutique 4 Médicaments en relation avec des systèmes hormonaux
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           3.1.6.  Mécanisme d'action

           3  .1.6.1. ACTION ANTI-INFLAMMATOIRE SPÉCIFIQUE
                   DANS LA CRISE DE GOUTTE
           La colchicine possède de faibles propriétés anti-inflammatoires, mises en évidence
           chez l'animal. Dans la phase initiale de la crise de goutte, son action est exceptionnel­
           lement puissante. Cet effet semble dû à son action sur différents mécanismes de l'in­
           flammation liés à la pathologie goutteuse.
             La colchicine agit sur les polynucléaires neutrophiles en réduisant leur pouvoir de
           diapédèse, leur capacité de phagocytose et surtout la libération d'enzymes lysoso-
           males précédant la phagocytose.
             Ces perturbations résultent en grande partie de l’action de la colchicine sur la tubu­
           line.
             Les microtubules sont des structures fibreuses appartenant au cytosquelette, res­
           ponsables des nombreux réarrangements s'opérant constamment dans le cyto­
           plasme. Ils sont formés par la polymérisation d'une protéine : la tubuline, hétérodi­
           mère d'une masse moléculaire de 110 000 daltons, formée par l’accolement de deux
           fibres monomères, la tubuline A et la tubuline B. Taylor, utilisant de la colchicine tri-
           tiée, a montré qu'elle se fixait de façon réversible sur la tubuline. Le complexe tubu-
           line-colchicine empêche, par simple encombrement des sites, la polymérisation des
           tubulines au niveau des deux extrémités du microtubule. Cette altération des microtu­
            bules, modifiant l'organisation et les fonctions du cytosquelette des polynucléaires
            neutrophiles, entrave leur capacité de phagocytose, donc réduit leur intervention dans
            l'inflammation.
              L'activité antigoutteuse puissante de la colchicine semble liée aussi à son action
            inhibitrice de la synthèse et de la libération d'une glycoprotéine, médiateur spécifique
            de l'inflammation goutteuse qui, comme l'ont montré Phelps et Spilberg, est chimio­
            tactique pour les granulocytes et les monocytes.
              Cette action particulière, qui la différencie de celle des AINS, renforcerait son action
            sur le recrutement des monocytes, macrophages et granulocytes, la rendant efficace
            dans l'interruption du cycle inflammatoire déclenché par l'accumulation de cristaux
            d'acide urique et d'urate de sodium.
            3  .1.6.2. AUTRES ACTIONS
            La colchicine possède également de nombreux autres effets pharmacologiques :
            -  elle altère la morphologie des mastocytes, diminuant leur pouvoir de dégranulation
              et inhibant ainsi la libération d'histamine,
            -  elle diminue la libération des prostaglandines par les macrophages,
            -  elle a une action anti-agrégante plaquettaire qui semble liée à une inhibition de la
              mobilisation du calcium intra-plaquettaire,
            -  elle diminue la synthèse du fibrinogène par les fibroblastes ; elle inhibe également
              la synthèse du collagène et stimule l'activité de la collagénase,
            -  elle inhibe la sécrétion d'insuline par les cellules p des îlots de Langerhans,
            -  elle inhibe la sécrétion des immunoglobulines par les plasmocytes,
            -  elle s'oppose à la formation du fuseau lors de la division cellulaire, bloquant la
              mitose au stade de la métaphase. Sa toxicité cellulaire est beaucoup trop élevée
              pour qu'elle puisse être utilisée comme antimitotique.
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