Page 12 - Manuel AJFRO
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Aspects juridiques liés à la fonction et risques opérationnels


                   Les limites du ratio Cooke


               Malgré des améliorations successives pour tenir en compte du risque de marché en 1995, et
               en 1998 pour étendre le périmètre de son application aux produits dérivés, le ratio Cooke
               présente de nombreuses faiblesses et limites que nous énumérons ci- après :

                   Les limites liées au statut de l'emprunteur :


               Malgré le fait qu’elle a permis de réduire le nombre de faillites bancaires, la réglementation
               Cooke s'avère imprécise et présente des limites. L'approche est d'abord restrictive, elle ne
               prend en compte que quatre classes de risque et les degrés de pondération du risque de
               crédit ne sont pas suffisamment calibrés pour déterminer et différencier de façon adéquate
               les emprunteurs. Le risque est évalué en effet d'une manière forfaitaire.
               Le ratio Cooke n'introduit aucune distinction fondée sur le risque de crédit de l'emprunteur,
               mais uniquement sur son statut (entreprise, banque, collectivité locale ou Etat). Il ne tient
               pas compte de la valeur et du risque intrinsèque de l’emprunteur. Le contenu informationnel
               du ratio se trouve biaisé, puisqu'un prêt à un emprunteur risqué est pris en compte dans la
               même proportion qu'un prêt à un emprunteur présentant peu de risque.

                   Un mécanisme incitatif :

               Le  mécanisme  incitatif  peut  avoir  un  effet  pervers  :  afin  d'augmenter  sa  rentabilité,  la
               banque souhaitant augmenter ses risques a intérêt à recomposer son portefeuille d'actifs en
               y incluant des actifs risqués générant une marge plus élevée que celle obtenue par la banque
               sur ses opérations « traditionnelles » tout en exigeant un même degré de couverture par les
               fonds  propres.  Cette  limite  provient  de  la  logique  forfaitaire  du  ratio  Cooke  préconisant
               qu’une  contrepartie  très  risquée  peut  exiger  un  niveau  de  fonds  propres  égal  à  une
               contrepartie présentant un risque moindre.


                   Non prise en compte du capital économique :

               Le ratio Cooke ne prend pas en compte le capital économique qui diffère du simple capital
               réglementaire.
               Le capital économique peut être défini comme la mesure réelle du risque en fonction de la
               réalité économique d'un portefeuille donné. Il correspond au montant nécessaire pour que
               la  banque  puisse  traverser  des  périodes  graves  (par  exemple  effondrement  d’un  secteur
               d’activité).

               Par contre, le capital réglementaire, est calculé en fonction de la structure de la contrepartie
               et non pas en fonction du risque réel du portefeuille.


                   Non prise en compte des risques opérationnels :

               Pour le calcul du capital réglementaire, Le ratio Cooke n’a pas pris en compte les risques
               opérationnels  dont  les  pertes  financières  ont  menacé  la  stabilité  des  grandes  banques
               internationales (le cas de la société générale en est un).







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