Page 4 - La Première Reine - Prologue
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Eleanor soupira. Sa tante Hedwige, âgée de soixante et un
               ans était son chaperon. Et à vrai dire, elle n’était pas des plus
               efficace.  Eleanor  avait  vite  compris  qu’un  simple  verre  de
               champagne lui donnait des somnolences.
               — Tante Hedwige n’est pas au courant de tout.
               — Comment cela ? J’espère que tu n’as pas fait de bêtise ! Tu
               sais bien que les hommes n'ont pas tous des pensées pures et
               innocentes ! Surtout lorsqu'il s'agit de jeunes débutantes.
               —  Bien  sûr  que  je  le  sais !  Vous  me  l’avez  assez  répété
               pendant toutes ces années. Non, c’est simplement que Lord
               Penbroth a laissé entendre qu’il allait demander ma main à
               papa.
               La duchesse reposa lourdement sa tasse sur sa soucoupe qui
               émit un cliquetis de protestation :
               — Le futur comte de Chesford ?
                   Un petit sourire satisfait éclaira les traits de la jeune fille.
               Lord Penbroth avait tout pour lui. Il était jeune, charmant et
               l’héritier d’un comté puissant et prospère. Même s’il n’était
               pas duc, il s’agissait néanmoins d’un très bon parti.
               — Celui-là même.
                   Les traits  encore séduisants  de  la  duchesse  s'éclairèrent
               soudain,  accentuant  la  ressemblance  entre  elle  et  sa  fille.
               Elles  possédaient  la  même  forme  de  visage  et  d’yeux,  les
               mêmes cheveux et la même expression butée parfois. Seuls le
               teint de lait et le regard gris de la jeune fille lui venaient de
               son père.
               — Mais c’est fantastique, ma chérie ! C’est un jeune homme
               charmant.
               — Ne vous emballez pas, maman. Je n’ai rien décidé.»
                   Eleanor  avala  un  grain  de  raisin  et  se  laissa  servir  une
               tasse de thé par l’un de leurs domestiques. Leur majordome,
               Pikins,  fit  alors  son  entrée,  un  plateau  d’argent  couvert  de
               petits tas de lettres dans les mains. Il était suivi pas un jeune




               La Première Reine       J. James                       4
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