Page 8 - La Première Reine - Prologue
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un sourire qui se voulait rassurant, mais qui faillit
lamentablement à sa tâche.
— Ne t’en fais donc pas ma chérie. Je vais arranger tout cela.
Elle sortit alors de la pièce à la suite de son mari, laissant
la jeune fille seule avec ses craintes et sa consternation. Elle
reposa sa fourchette sur la table, l’appétit définitivement
coupé.
L’après-midi venu, son père n’avait toujours pas changé
d’avis, et ne voulait pas s’en expliquer, malgré les
supplications de sa femme de lui fournir au moins une raison.
Eleanor était assise devant sa coiffeuse alors que sa
femme de chambre nouait ses cheveux et les faisait tenir
grâce à de nombreuses épingles qui lui tiraient
douloureusement le cuir chevelu. Ses yeux étaient restés
secs, d’une part parce qu’elle n’arrivait pas vraiment à
réaliser que son père était sérieux, et d’autre part parce
qu’elle avait appris très tôt que pleurer ne servait pas à
grand-chose. Dans le cas présent, si son père était assez
résolu pour ne pas céder devant sa femme chérie, les pleurs
de sa fille n’y changeraient sans doute rien. Elle allait
rencontrer cet homme, ce Lord Grant et lui expliquer très
clairement qu’elle ne voulait pas de sa demande. Elle ne
croyait pas un instant qu’un gentleman la trainerait jusqu’à
l’autel si elle se débattait bec et ongles.
Elle portait une robe pastel, sans aucun intérêt, mais qui
la faisait passer pour plus jeune qu’elle ne l’était, avec son
décolleté sage et sa coupe informe. Il était hors de question
qu’elle s’apprête pour cet homme lui donnant ainsi la fausse
impression qu’elle souhaitait le séduire.
Sa coiffure enfin prête, elle descendit les escaliers et alla
attendre son visiteur avec sa mère et son père dans le petit
salon bleu.
La Première Reine J. James 8