Page 6 - La Première Reine - Prologue
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minimum de passion pour celui avec qui elle allait passer le
reste de sa vie ? Néanmoins, elle se résigna à répondre.
— Je vais y réfléchir.
Sa mère lui sourit.
— Je ne t’en demande pas plus.
Elles s’installèrent et ouvrirent les lettres qui leur étaient
adressées tout en finissant leur petit-déjeuner. Quelle ne fut
pas leur surprise de voir apparaître le duc à une heure où il
était encore couché habituellement. Il avait une mine de
papier mâché, de larges cernes violets en dessous de ses yeux
gris, et un air abattu qui ne lui ressemblait pas. Il embrassa
distraitement la joue de sa femme puis de sa fille. Un
domestique vint immédiatement servir le thé à son maître et
lui apporta le journal, délaissé par sa femme.
— Vous voilà déjà debout Francis ? s’étonna la duchesse.
Vous ne nous avez pas habituées à ce réveil si matinal. Êtes-
vous souffrant, mon cher ?
Elle posa une main inquiète sur celle de son mari et
l’examina avec attention. Eleanor sentait que quelque chose
n’allait pas, mais préféra rester en retrait. Elle aimait
beaucoup son père et il le lui rendait au centuple, mais plus
les années passaient et plus le héros inébranlable de son
enfance devenait un homme ordinaire, parfois manipulé par
sa passion du jeu.
Le duc se gratta la gorge et releva le menton pour croiser
le regard de sa femme.
— Je vais très bien, je vous remercie de vous en inquiéter.
J’ai…j’ai une grande nouvelle à vous annoncer.
— Ah oui ?
Sa mère tenta de jouer l’entrain et l’enthousiasme, mais
n’y réussit guère. Elle aussi sentait que quelque chose
clochait.
La Première Reine J. James 6