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VOUS ÊTES MON ALCOOLISME
Je suis à la dépression ce que le baromètre est à la météo. Ni
plus, ni moins.
D’un simple mécanisme aux conséquences parfois inattendues,
je m’emploie à boire autant de fois… que mon temps de
conscience me le permet. Certains disent, à l’orée d’une
mauvaise foi… que je suis alcoolique. Que nenni ! Je suis le
vivant du raisin, l’apôtre du vin rédempteur, la vigne de ma
propre existence, ma terre promise…
Je suis moi et on me crache dessus ! Suis-je une vermine, un
mécréant, une verrue sur le trottoir de vos vies, une pelure
dans le caniveau ? Respect. Je mérite le respect.
Mais je lis ma désillusion dans vos regards crâneurs, hautains,
méprisants, insolents, et même superbes quand vous osez
déposer une piécette peureuse. Vous m’expirez par l’oubli aux
pas suivants si ce n’est d’une pensée dévalorisante et
condamnez la société et le peu de volonté dont ma chair n’a
que foutre.
Ma méditation est vaporeuse, insouciante, ruisselante d’une
nouvelle bibine. Je vous vomis. Vous êtes la perte de l’humanité
que vous fructifiez dans une consommation qui vous grise à
vous goinfrer de crédits matériels. Vous puez la fausse
monnaie, le virtuel de vos engagements qui vous embarquent
dans les méandres d’un néant ravit de vous accueillir et rien
de vous ne restera qu’une crasseuse opinion virtuelle ogresse
qui vous sucera même après votre éternité humaine…
Je vais prendre mon lait de Licorne. Ça vous en bouche un
coin, les penauds. Vous êtes ma douleur, je suis comme la Loi
de Murphy, je suis la mauvaise face de votre… regard.