Page 40 - J'aime autant te hair
P. 40
Donc pour reprendre à ta question, non cet hôtel je l’ai construit après
avoir usé de sueur dans le caniveau. Mais assez parlez de ça, partons.
Je ne vais pas lui faire ce plaisir maintenant qu’il m’a ouvert son cœur.
_ Comment votre mère s’en est-elle sortie après cet épisode ? Je
veux dire, ça n’a pas dû être facile tous les jours.
_ Maman est morte deux ans après. J’ai grandi dans des familles
d’accueils, ensuite mes tuteurs m’ont jugé trop violent, alors ils ont décidé
de me placer dans un orphelinat. À l’époque je devais avoir huit ans.
Ses souvenirs tombent mollement dans le chagrin. Le brouillard le happe
à nouveau.
_ Je suis désolée.
C’est tout ce que je trouve à lui dire, sur le champ. Irréfléchie,
j’avance un pas fébrile vers Brandon et caresse sa joue d’une main
gracile. Il a les yeux grands ouverts, perplexe de sur quoi.
_ Helena. Il gémit mon nom dans un souffle.
_ Tais-toi. Je dis haletante, sur la commissure de ses lèvres, les
yeux submergés par une marée profonde de désirs.
Brandon me regarde. Son cœur au tempo. Je plaque ma bouche
contre la sienne. Il répond au baiser avec fougue. Sa langue parcourt les
alentours. Dans un rythme effréné de confiance. Une spirale vertigineuse
de passion nous engloutis. Je veux qu’il oublie. Ne serait-ce que pour ce
soir. Ses parents. Son monde. Tous ses calvaires. Il me communique ses
peurs, son trouble. Et ça me procure un bien fou, l’adrénaline est en
première loge.
_ C’est un peu trop facile. Mais qu’est-ce qui vous prend bon sang ?
Aboie Brandon pour casser l’ambiance.
Quoi ?
Il met de la distance entre nous. Je suis humiliée, choquée. Voilà
que sa vraie nature refait surface. Pourquoi se sert-il de sa carapace,
seulement maintenant ?
_ Je suis désolée, Brandon. Je n’aurais pas dû faire ça.
Mes pensées vagabondent. Je reste coi. Incapable d’articuler ne serait-ce
qu’un mot, sans commettre la moindre bévue. Je dois me ressaisir au plus
vite. Qu’est-ce qui vient de se passer à l’instant entre nous ?
_ Nous ferons mieux de rentrer. Demain tu devrais passer à l’hôtel.
Bâillonne-t-il sans prendre la peine de me regarder. Il est donc aussi
fragile. Mais quelle idiote je fais.
_ On ne se tutoie plus maintenant ? Brandon je ne reviendrai pas,
comprend-le une fois. Je le toise lentement de la tête au pied.
40