Page 41 - J'aime autant te hair
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L’hospice blafard de la lune éclaire mes sentiers. Je passe devant
                      cet homme incompris. Brandon ramasse un caillou et le lance de toutes
                      ses forces. Une main en visière, il l’observe faire des ricochets dans le
                      vide. Crétin.


                             Zacharie vit dans une villa en brique rouge et gouttière en saillie.
                      Ce logis a existé quand Ronald Reggan était encore Président des États-
                      Unis. Je tourne sur le poignet en laiton, et je remarque au passage que sa
                      porte est calfeutrée.
                             Mpissa est un quartier bordé de maisons à constructions

                      industrielles en kit. Ses habitations modulables, containers recyclés et
                      préfabriquées, n’ont rien à voir en comparaison des quartiers séditieux de
                      Brazzaville. Toutefois Zacharie vit aux antipodes.
                             _ Parce que je le veux bien Helena. Toute ma famille a vécu dans le
                      coin et je compte faire pareil. Le grand luxe ce n’est pour moi. Nous ne

                      sommes pas tous riches comme vous autres.
                             J’observe les persiennes qui tamisent la pleine lune. La sarabande
                      des rats dans le grenier. Zacharie utilise du tampico, pour rembourrer un
                      canapé de daim écarlate, tout pelé.
                             _ Convoiter la richesse dans la pauvreté, c’est se faire doublement
                      pauvre, car c’est ajouter à tout ce que l’on n’a pas la privation de tout ce
                      que l’on convoite. Si nous savions être pauvres nous souffrirons moins de

                      l’être ; l’on ne veut pas souffrir.
                             _ Je suppose que c’est la fameuse citation d’Alfred Auguste
                      Pilavoine. Ne parlez pas richesse à ceux qui n’en ont pas, mais parlez
                      pauvreté à ceux qui sont riches.
                             _ Anne Barratin je sais. Honnêtement, tu comptes vivre ici

                      longtemps ? Je veux dire beaucoup de gens veulent habiter la zone de
                      Massengo, pourquoi pas Kintélé, on sera proche.
                             _ Le nord ? Helena ne soit pas ridicule. Être pauvre n’est pas une
                      privation.
                             _ Au pire une servitude. Bref tu reçois de la visite ?
                      Sans répondre, Zacharie saisit un flocon de parfum, appuie sur le
                      pulvériseur et hume dans l’air les effluves de vétiver. Ce qui ne fait

                      qu’accentuer ma curiosité.
                             _ Je crois avoir eu ma confirmation. Tu as un rencard donc, je peux
                      savoir avec qui ? Je demande avec une once de suspicion dans le regard.
                              _ Même si je le voulais, je ne te le dirais pas, jusqu’à ce que les
                      choses prennent une allure beaucoup plus officielle. Elle est tout le

                      contraire de toi si tu veux tout savoir. D’ailleurs je la trouve plus jolie,


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