Page 92 - J'aime autant te hair
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Avec une rapidité surprenante, Magnus est de nouveau face à moi,
                      le nez collé au mien. Je commence vraiment à transpirer. Qu’est-ce qu’il
                      me fait là ?
                             _ Tu vas appeler les flics ? Maman j’ai peur. On devrait plutôt

                      discuter toi et moi. J’ai une meilleure idée, et si tu déposais ce téléphone.
                             C’est quoi leurs problèmes à tous, de vouloir ainsi se taper
                      l’incruste dans ma chambre ?  D’abord Brandon et maintenant lui. Je sens
                      sa respiration saccadée sous son sweet-shirt orange.
                             « Les guerres entre groupes, pour des femmes ou des zones de
                      chasse, obéissent à quelques principes simples : faire peur, attaquer par

                      surprise, rompre les lignes de communication de l’ennemi, ne lui laisser
                      aucun répit. Elles ne respectent aucune règle morale : il est recommandé
                      de se faire passer pour un allié de son adversaire, de le trahir, de faire
                      croire à sa propre fuite et rien n’interdit d’attaquer dans le dos. Tout est
                      bon pour pousser l’autre à abandonner au plus vite le bien convoité. »

                      Jacques Attali m’en dira tant.
                             _ Et pourquoi donc ? Je te rappelle que tu es ici chez moi. C’est un
                      cambriolage, une infraction, et puis qui t’a invité à entrer d’abord ? On
                      n’est pas amis toi et moi.
                             Je suis en folie furieuse. Charles est séduisant sans doute, mais ça
                      ne lui donne pas tous les droits non plus.
                             _ Essaie de te calmer un peu gamine.

                             Gamine ??? Là ça va beaucoup trop loin.
                             _ Sors maintenant, Charles va-t’en.
                             Pendant que nous discutons, il va prendre son aise sur mon lit. Je le
                      foudroie du regard, mais Zeus lui-même ne saurait intimider ce Magnus.
                      Exaspérée, j’abandonne la partie.

                             _ Maintenant dis-moi, qu’est-ce qui t’emmène ? M’enquis-je
                      morose.
                             _ Rien de particulier, je voulais m’évader un peu, et j’ai trouvé cet
                      endroit parfait. Il répond avec désinvolture.
                             _ Quel âge as-tu ? Charles me regarde de travers. Quel âge as-tu ?
                             _ Elle est vraiment déplacée ta question. Il se lève à nouveau, pour
                      jeter un œil à la fenêtre.

                             _ Trente-quatre ans ? Peut-être trente-six ?
                             _ Où tu veux en venir avec toutes ces idioties ?
                             _ Tu es dans ma chambre à fuir ta famille et c’est moi qui suis sotte.
                      On ne fugue pas à cet âge, il te manque une certaine maturité, ou devrais-
                      je te faire un dessin pour que tu comprennes ?





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