Page 94 - J'aime autant te hair
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_ Ton histoire ne m’intéresse pas. Je t’ai vu t’en prendre à un
                      homme, c’est tout ce que je garde en mémoire.
                             Charles prend la direction qui mène vers la porte. Je l’observe
                      attentivement. Il croise les bras devant la porte de ma chambre et hausse

                      le ton à travers une épaule.
                             _ Il était venu m’annoncer sa liaison secrète avec ma sœur, qui
                      pourtant était promise à un autre. J’ai pété les plombs, mais la suite tu la
                      connais déjà.
                             Après quoi il s’en alla furibond. Je reste un moment comme
                      électrocutée. Mon cerveau fait des nœuds. Je ne sais que penser de cette

                      journée. En dirait une mauvaise blague.
                             Je parviens à le rattraper dans le couloir. Charles ignore quand je
                      l’appelle, bientôt il atteindra les escaliers.
                             _ Pourquoi m’avoir raconté ça ? Je ne t’ai rien demandé.
                             Enfin il ralentit, se tournant vers moi.

                             _ Moi non plus.
                             Charles disparait aussi vite que la nuée de Poséidon. Je suis larguée.
                             Il a toujours été pour moi un mystère, celui qui s’en va. Je ne le
                      connais pas, mais Charles a pourtant ce côté excentrique qui me plait. Je
                      ne veux pas rester sur une défaite.
                             Je cours après lui. La nuit est tombée. Il n’y a personne dehors.
                      C’est tant mieux.

                             _ Pourquoi m’avoir raconté ça ? Je veux savoir.
                             Ma présence semble vraiment l’agacer. Je le sais bien. N’en
                      demandez pas la raison. J’avance. Il me dévisage. J’avance quand même.
                             _ Pourquoi ? Ma main saisit la sienne contre la poignée de la villa
                      des Magnus. Charles parait surpris. Non en colère. Je ne sais pas.

                             _ Tu devrais t’en aller. Il est penaud de m’avoir raconté cette
                      histoire, son visage par contre garde cette même expression bourrue.
                             _ Je veux juste que tu m’apporte des réponses. Pourquoi tu te
                      soucies de l’image que je pourrais avoir de toi ?
                             Je me rapproche.
                             _ Tu ne verras aucun criminel revendiquer ce statut, fais valoir ton
                      opinion, mais ne me juge pas. Il en faut plus d’une nuit pour connaitre une

                      personne, bonsoir Helena.
                             Et grand s’ouvre la porte. Charles me plante. Un jour Soren
                      Kierkegaard a écrit : « une jeune fille qui veut plaire en se faisant
                      intéressante plaira surtout à elle-même ». Ainsi s’achève cette nuit, plein
                      de rebondissements. Je retourne chez moi, las de tous ces secrets qui





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