Page 87 - J'aime autant te hair
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Brandon ferme les yeux pour prendre une profonde inspiration. Je
                      panique. La suite s’annonce plutôt malsaine.
                             _ Et ?
                             _ C’est comme ça que je suis venu au monde. À l’avant-veille de

                      noël, suite à un acte de violence, entre un homme ivre et une femme
                      prostituée. Je suis une malédiction, tu comprends ?
                             Il se crispe au volent. Je peux enfin lire dans ses tourments. Dans un
                      geste machinal, je frotte ma main à la sienne. Brandon me regarde
                      perplexe.
                             _ Tu n’es pas celui que tu prétends être, on t’a imposé cette vie que

                      tu n’as pas choisi et tu t’en es sorti avec panache. À ta place, je ne vois
                      pas beaucoup de gens réussir tête haute, comme tu l’as fait. C’est vrai que
                      tu es une malédiction pour d’autres, mais seulement quand tu te décides
                      de l’être. Comme lorsque tu me casses les couilles avec tes histoires à
                      deux balles.

                             _ Te casser les couilles ? Tu en as vraiment sous la jupe ? Il me
                      taquine sur le même ton, tel deux acteurs de cinéma.
                             _ Façon de parler gros beta. Je rougis.
                             _ Merci.
                             _ Pourquoi ?
                             _ Pour tout, et surtout merci d’être là, à mes côtés.
                             Chaque fois que Brandon m’embrasse, je ressens comme une

                      spirale vertigineuse, l’impression de nager dans le vide. Il a l’habitude de
                      me prendre au dépourvu, c’est peut-être à cause de ça, que mon corps
                      réagit aussi violement.
                             _ Tu devras arrêter de m’embrasser comme ça. Qui te donne le
                      droit ?

                             _ Il faut bien que quelqu’un fasse le premier pas.
                             _ La vie n’est pas un film Brandon, tu dois t’imposer des limites.
                             _ Certes, mais le film n’est qu’une projection de la vraie vie. Mes
                      limites je les ai déjà atteintes, la première fois que tu m’as mis un coup de
                      tête dans l’ascenseur.
                             À l’évocation de ce souvenir, j’ai comme l’impression d’avoir fait
                      un bond dans le temps. Ça remonte à si longtemps.

                             _ Quoique tu l’avais un peu mérité.
                             _ Ah oui. Et pourquoi donc ?
                             _ Personne ne traite mon meilleur ami de tous les noms.
                             _ Tonton Zacharie et toi êtes amis ? Quelle horreur, vu la tête qu’il
                      fait chaque fois qu’il me voit dans les parages, j’avais cru comprendre





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