Page 84 - J'aime autant te hair
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gouttes de pluie, c’était écœurant pour mon père, qui était habitué à
                      l’action. Je ne doute pas que ma mère fut une femme brillante, seulement,
                      elle manquait d’entrain. On aurait dit, que la vie ne lui plaisait pas, elle ne
                      manifestait que très peu de bonheur pour des choses insensées comme les

                      fleurs ou le vent. À cette époque je ne la comprenais pas toujours, ni
                      même aujourd’hui d’ailleurs. Mais une chose est certaine, je ne regrette
                      pas d’avoir passé mon enfance au sein de cette famille. Même après la
                      mort de mon père, ma mère a continué de vivre dans le calme, plus encore
                      qu’autrefois et ne m’adressait que très peu la parole. Elle me considérait
                      comme une malédiction, et mon père également. Je t’ai vu parlé à Auriol

                      l’autre jour. Ce gamin radote depuis un moment sur qui étaient mes
                      parents, sache que tout ce qu’il a bien pu te dire est vrai, mais à une
                      exception près. Mon père ne s’est jamais suicidé, c’est elle qui la tuée, je
                      t’ai menti Helena, ma mère était en effet une prostituée. Je porte ce lourd
                      fardeau depuis vingt-sept ans et il n’y a que ce mensonge qui me fasse

                      tenir jusqu’à maintenant. C’était plus facile de me dire que ma mère était
                      une femme aimante, et que son mari un homme ivre. On en voit plein des
                      couples de ce genre de nos jours, ça me paraissait plus facile.
                             Brandon interrompt son récit, je ne contrôle plus déjà mes larmes.
                             _ Comment as-tu pu… Non je ne te crois pas… Pourquoi…
                      Brandon ?
                             _ C’est la vérité Helena. La pure vérité. Avoue-t-il le regard vers le

                      sol.
                             À cet instant, animé par une violence qui convulse mon âme, je
                      m’enfuie loin de cet homme. Cette histoire n’est pas la mienne, je n’ai
                      aucune raison de verser de larmes, n’empêche que je le fais. Mais
                      pourquoi je pleure ? Disant pour qui ?

                             Brandon me rejoint dans le camion. Je ne pouvais pas aller bien
                      loin. Il tourne sur le moteur.
                             _ Tu ne dis rien. Je comprends. Sa voix est docile, chancelante.
                             _ C’est parce qu’on n’a rien à se dire tous les deux.
                             _ Tu m’en veux de t’avoir mentis la première fois ou pour être celui
                      que je suis ?
                             _ Les deux. Tout chez toi. Je te déteste Brandon.

                             _ C’est un peu violent non ?
                             _ Pas assez pour exprimer ce que je ressens dans le fond.
                             _ Alors parles moi à fin que je sache.
                             _ Dans ce cas tu devrais te boucher les oreilles avec de la cire, parce
                      que ça ne sera pas beau à entendre.





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