Page 85 - J'aime autant te hair
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_ La laideur cache une infime partie de beauté, c’est ce qui la
                      distingue de celle-ci, qui ne connait aucune laideur.
                             _ On devrait s’en aller maintenant. Je ne supporte plus cet endroit.
                             Je ne te supporte plus Brandon.

                             _ C’est ce que je disais tantôt, je suis une malédiction.
                             Le venin a été lancé, mon cœur se vide de son sang, à le voir ainsi
                      se dénaturalisé j’en demeure tétaniser. Brandon s’engage sur la route.
                      Cette courte promenade m’a fait prendre conscience d’une chose, les gens
                      sont ce qu’ils sont, non pas parce que la société les corrompt, mais pour la
                      bonne raison qu’ils ont du mal à se surpasser. Brandon endure ce qu’il

                      aurait dû effacer car même si l’avenir reste incertain, le passé est un vécu,
                      soit on décide de l’oublier soit elle nous consume.
                             _ Tu es juste ce qui semble être bon pour toi.
                             _ Accordons nous un peu de temps et laissons de côté des sujets
                      fâcheux.

                             _ La vie ne peut être comprise qu’on regardant derrière soi, mais le
                      présent doit être vécu en allant de l’avant.
                             _ Kierkegaard est un fou solitaire, ne confond pas les choses
                      Helena.
                             _ Mais il était tout le contraire de toi.
                             _ Où tu veux en venir ?
                             _ Accordons nous un peu de temps et laissons de côté les sujets

                      fâcheux. Regarde la route Brandon.
                             Le vide. Un sentiment encore plus fort que la peur. L’être humain
                      vit par opposition de ce qu’il est. Je croyais connaitre Brandon, mais je
                      me rends compte, qu’on ne peut fouiner un labyrinthe avec une simple
                      torche. Il pleut des rayons, la chaleur est horripilante. Nous n’échangeons

                      que vaguement un coup d’œil mon patron et moi. Je n’ose pas lui parler.
                      Pour ce trajet de retour, le Boulevard Alfred Raoul est la seule voie
                      possible, si nous voulions échapper aux bouchons.
                             Une demie heure plus tard Brandon éteint la radio, et met fin au
                      supplice.
                             _ Tu voulais savoir ce qui se passe dans ma vie, pourquoi je suis
                      forcé à consommer autant de produits illicites, je t’ai donné l’occasion de

                      connaitre la vérité, et tu ne dis plus rien. D’habitude tu me rabats les
                      oreilles.
                             _ Je ne veux pas savoir. On parle de ta famille, des secrets trop
                      lourds à porter, je ne veux pas me mêler de ça.
                             _ Ok, crois-moi je comprends tout à fait, dis-moi juste à quoi tu

                      penses en ce moment ?


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