Page 83 - J'aime autant te hair
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_ Zacharie tu ne possèdes pas même une bicyclette alors tais-toi.
                             _ Vous allez arrêter de vous comporter comme des gamins tous les
                      deux ? Je bouscule mon patron au passage, sur l’épaule. Zacharie laisse
                      échapper un rire nerveux.

                             Brandon m’arrête devant son camion. Je pirouette sur mes jambes,
                      faisant virevolter ma cascade de cheveux.
                             _ Mais qu’est-ce qui te prend de me suivre partout comme ça ? Tu
                      as mis mon téléphone sous écouteur ou quoi ?
                             _ Accompagne moi. Je vais appeler quelqu’un pour venir chercher
                      ta voiture. Dépêche-toi, nous manquons de temps.

                             _ Je veux rentrer chez moi Brandon. Ne vois-tu pas que je suis
                      fatiguée ?
                             _ Tu n’aurais pas dû trop forcer sur le vin hier.
                             _ Comment es-tu au courant de ça, je ne t’ai pourtant rien raconté.
                             _ Plus tard. Pour l’instant suis-moi.

                             La vieille demeure familiale, se distingue de plusieurs couches de
                      tags et des monticules de pneus. Elle est située au Marché Plateau, dans
                      une banlieue. Pilée, brûlée, la maison dans laquelle Brandon a passé une
                      courte enfance est à l’abandon. Son terrain est désormais jonché d’ordures
                      en tous genres. Dans la bâtisse, les excréments et des papiers hygiéniques
                      tapissent une partie du sol. J’ai le ventre retourné. Les squatteurs qui y
                      viennent fumés de l’herbe et peut-être même baisés, sont les seuls à

                      laisser des traces de vie.
                             _ Pourquoi tu m’as emmené ici ? Je n’y vois aucun intérêt.
                             _ Je le voulais c’est tout, ça commence à me manquer.
                             _ Tu cherches à renouer avec ton passé, inconsciemment une partie
                      de toi vis toujours dans cette maison. Mais pourquoi venir seulement

                      maintenant et après tout ce temps ?
                             _ Je ne sais pas. J’en avais envie c’est tout.
                             _ Tes réponses courtes ne m’aident pas. Bref puisque tu refuses de
                      parler, il serait plus que temps pour moi de rentrer.
                             Il se passe un temps fou, avant que Brandon ne décide d’entrer dans
                      la confidence, cependant j’avais déjà un pas vers la sortie.
                             _ Ma mère adorait ce coin, elle passait son temps à revisser je-ne-

                      sais-quoi, mais une chose est sûre je l’entendais si souvent parler de
                      médecine. Pendant ce temps mon père rentrait ivre le soir et il grondait sur
                      tout le monde. Moi parce que je suivais trop la télé ou que j’étais un gros
                      fainéant qui ne savait pas lasser ses chaussures et à elle, papa lui
                      reprochait son mutisme. Personne ne savait vraiment ce que ma mère

                      pensait. Toujours sur son fauteuil elle comptait les jours et voir même les


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