Page 81 - J'aime autant te hair
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Je passe une serviette et entre sous la douche. Aucune envie d’aller
                      bosser ce matin. Zacharie répond tout de suite à mon message, lorsque je
                      lui annonce ma visite. J’ai bien envie de me défouler aujourd’hui. Ne plus
                      penser aux Magnus et à la soirée d’hier. C’était une vraie catastrophe. Je

                      m’attendais à mieux ou plutôt j’aurai pu faire mieux.
                             C’est parfait, il n’y a personne dehors, je peux donc m’en aller
                      discrètement. La manœuvre n’a pas duré longtemps, avant que la voiture
                      ne s’engage sur la route. Trente minutes plus tard, me voilà déconnectée
                      du monde.
                             Zacharie converse avec un groupe d’ouvriers devant son atelier. Il

                      me semble qu’il a un peu perdu du poids. Ou simplement que sa chemise
                      façonnable est beaucoup trop large.
                             _ Le travail Helena, je n’ai pas le temps de me faire une santé.
                      Toute la journée il me suffit d’une omelette seulement, pour boucler dix-
                      huit heures de travail. Je n’ai plus vraiment de clientèle depuis que la SNE

                      a décidé de me couler. Tout ce qui me reste, c’est la soudure et comme tu
                      peux le constater par toi-même, les gens ont besoin d’électricité, non pas
                      d’un morceau de fer à souder.
                             Je saute plusieurs fils électriques.
                             _ Et donc tu comptes faire quoi de cet atelier ? La fermer ?
                             _ Non jamais de la vie. Ce n’est pas parce qu’on vit un cauchemar,
                      qu’au final la nuit devient longue. Le temps reste le même, avec ou sans

                      rêves. Ce que j’essaie de te dire c’est que cet atelier me tient à cœur, c’est
                      la première entreprise que j’ai monté à partir de rien. Que Zeus me
                      foudroie si jamais ne je la vends un jour.
                             Son histoire me rappelle de celle de quelqu’un.
                             _ Tu vas t’en sortir je crois. Ce sont tes ouvriers que voici ?

                             Je montre du doigt un camion qui vient d’arriver. Zacharie décolle
                      ses fesses du morceau de fer dont il s’était appuyé.
                             _ Non mais je connais à qui appartient ce…
                             _ Brandon.
                             Mon patron vient de claquer à l’instant sa portière. Il avance vers
                      nous et son regard ne quitte pas le mien. Ne me dites pas qu’il vient
                      chercher les embrouilles. Zacharie dresse un sourcil inquisiteur.

                             _ Dis-moi ce que tu viens chercher chez moi, avec cet accoutrement
                      ridicule. On déborde dans nos effectifs.
                             _ Tu as toujours ce sens de l’humour un peu déplacé, je comprends,
                      en même temps quand on s’appelle Zacharie ce n’est pas évident.







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