Page 149 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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De la construction de villas à Alger et à Souk Ahras,
sa ville natale, à l'achat et à la revente d'appareils électro-
ménagers, il faisait du business de bas étage, tout en se
constituant une petite fortune. « S'il était resté dans l'ar-
mée française, il n'aurait jamais été au-delà du grade d'ad-
judant », m'a dit un officier qui l'avait longtemps côtoyé.
« Je viens de limoger Khaled Nezzar et je t'ai nommé
ministre de la Défense à sa place. Tu vas au ministère et tu
donnes ordre aux troupes de rentrer dans les casernes )), lui
dit Chadli. A peine a-t-il raccroché que Dib Makhlouf
informe Nezzar de la décision du président. La réponse est
nette : « Reste à ta place, nous arrivons dans un petit
moment. ))
Une course contre la montre est engagée. Le cabinet
noir risque d'être pris de court. Bien qu'il n'ait pas encore
écrit la seconde partie de son scénario, intitulée « celui qui
remplacera Chadli », il passe à l'action. La première partie,
qui met en scène la « démission du président », est réalisée
dans la précipitation.
Le général Touati rédige à la hâte la lettre de démis-
sion de Chadli. De retour du Maroc, où il est allé rencon-
trer Boudiaf, Ali Haroun, qu'on présente comme le chef
de la loge des francs-maçons de l' Algérie, est associé, pour
la forme, à sa rédaction. On fait vite appel à Benbabyles,
le président du Conseil constitutionnel, qui doit recevoir
cette lettre des mains de Chadli. Une équipe de techniciens
de la télévision est déjà sur place pour enregistrer l'événe-
ment. Pas question de faire du direct.
Quelques heures plus tard, les généraux Mohammed
Lamari, Khaled Nezzar, Dib Makhlouf et Benabbes Ghe-
ziel font irruption dans le bureau du président de la Répu-
blique, coupé de ses gardes du corps. Ils usent de méthodes
de voyous pour contraindre Chadli à la démission.
Lamari lui lance, sur un ton menaçant : « Alors, tu