Page 147 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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pour mieux se retourner contre lui en jouant le rôle de
sauveteur et en mettant les partis démocratiques en posi-
tion de faiblesse.
Nezzar va pouvoir impunément s'autoproclamer
tuteur de tous les Algériens.
Le 26 décembre, dès la proclamation de la victoire du
FIS, on fait circuler chez tous les officiers une pétition par
laquelle ils demandent au président de ne pas organiser le
second tour des législatives. La ficelle est un peu grosse.
Des lieutenants, des capitaines, qui mêlent leur signature à
celle des généraux mafieux, c'est difficile à faire admettre.
Cela sent le coup tordu. L'initiative avorte. Nezzar préfère
prendre les choses en main personnellement. Il va harceler
régulièrement le président de la République, qui lui
accorde quatre audiences. Au cours des entretiens qu'il a
avec Chadli, le général Nezzar, parlant au nom de l'année,
lui suggère de démissionner.
Il est déjà décidé qu' il n'y aura pas de second tour
des législatives. Les commissions de préparation des élec~
tions au niveau des wilayas ont vite fait de remarquer l'ab-
sence des représentants du DRS. En Algérie, les services
de renseignements participent de manière officielle à l'or-
ganisation de toutes les élections. Sinon, comment pour-
raient-ils manipuler et placer leurs hommes?
Le cabinet noir, que Nezzar qualifie de « groupe
d'étude du ministère de la Défense nationale 1 », planche
sur différents scénarios. En multipliant les rencontres avec
le président, Nezzar ne fait que le sonder. En hésitant,
Chadli leur complique les choses. Il ne semble pas décidé
à la démission.
C'est que sa belle·famille n'est pas prête à lâcher
prise. Le départ du président signifierait pour ce clan para-
sitaire la fin de ses privilèges. Il lui suggère de rester et de
1. Les Mémoires du géniTal Khaled Nenar, op. cir. , p. 246.