Page 142 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
À l'intérieur des deux clans, existent aussi des sous-clans
qui échangent des coups pour le compte des deux grands.
Comme nous l'avons vu précédemment, le clan Belkheir
sort le grand jeu en radiant de l'année une dizaine de géné-
raux anciens maquisards.
Ces clans se font et se défont au gré des conjonctures
et des intérêts. Le général Betchine, homme de confiance
des proches de Chadli, se voit retirer la direction de la .
sécurité de l'année, qui est confiée au colonel Tewfik.
Moulaud Harnrouche est évincé pour avoir eu plus d'in-
fluence sur Chadli que les autres. Pour se débarrasser de
lui, le clan adverse, manœuvrant intelligemment, limoge
Kasdi Merbah et le remplace par Harnrouche à la tête de
l'exécutif. Du coup, le secrétaire général de la présidence
de la République, victime de ses propres manœuvres, est
éloigné du palais présidentiel. Ses adversaires lui feront la
gnerre à travers le général Betchine. Ce dernier ne
comprend plus rien à ce qui se passe. «C'est un régime
vacillant », me confie-t-i1 un jour, avec un grand désap-
pointement dans la voix. Il tape du poing sur la table, en
signe d'impuissance, tout en murmurant: « Oui, c'est la
vérité et il n'y a rien à faire. » Il me semble qu'il avait
compris que les services de sécurité, qu'on venait de lui
confier, ne servaient plus à rien.
Peu rompu à l'art du renseignement et aux coups bas,
le général Betchine a passé l'essentiel de sa carrière mili-
taire dans les unités de combat. Il a profité de sa vieille
amitié avec Tewfik, l'homme le plus proche de Chadli,
pour prendre le commandement de la 4' Région militaire.
En 1987, à la faveur de la restructuration de la Direction
centrale de la sécurité militaire, il a été placé à la tête de
la Direction centrale de la sécurité de l'année, qui n'était
qu'une division de la DCSM. Un an plus tard, la prophétie
que lui faisait le général Lakehal Ayat à Moretli, une sta-