Page 138 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
rai de la sOreté nationale et Khediri, ministre de l'Intérieur,
son supérieur direct, sont épargnés. Le général Betchine,
qui s'est spécialement distingué, n'est nullement inquiété.
Autre tête jetée en pâture à la colère populaire, celle
du responsable du secrétariat permanent du FLN, Moham-
med Cherif Messaadia. Le président Chadli le convoque et
lui dit : « Si Mohammed Cherif, les temps sont difficiles;
tu es fatigué. Tu dois partir.» Sans se laisser désanner,
Messaadia utilise le même registre hypocrite. «Non, mon..
sieur le Président, je suis toujours à tes côtés. Je ne te
laisserai pas seul dans cette mauvaise passe. Je suis tau..
jours prêt à me sacrifier pour la révolution. » Mais il ne
peut convaincre Chadli, qui a déjà pris la décision de sacri-
fier ce symbole des forces rétrogrades, et qui fmit par lui
lâcher: « Si Mohammed Cherif, le peuple ne t'aime pas.
Va te cacher pour quelque temps ».
Et Messaadia ira se cacher... jusqu'à ce jour de 2001 où
son cousin du bled, Abde1malek Guenaïzia, l'un des
membres du club des onze, le rappelle pour lui confier la
présidence du Sénat. Douze ans après les événements d'oc-
tobre, Messaadia est de nouveau le numéro deux: du régime.
Au gouvernement, la valse des Premiers ministres
commence. Les premières années de la nouvelle ère, mar-
quée par le pluralisme politique, ils sont une demi-dou-
zaine à faire neuf petits mois et puis s'en vont. Seul
Aluned Ouyahia, l' homme des sales besognes, et Mokdad
Sifi, le plus grand menteur des chefs de gouvernement
devant l'éternel, passeront le cap d'une année d'exercice.
Mais c'est sur le plan politique qu'est enregistrée la
grande nouveauté. Soucieux de donner de l'Algérie
l'image d'un pays démocratique, le clan des généraux
déclare ouverte la foire aux cabotins de la politique. Pas
moins de soixante partis politiques déposent leur dossier
d'agrément au ministère de l'Intérieur.