Page 143 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
P. 143
a Nos/ra 141
tion balnéaire située à vingt kilomètres à l'ouest d'Alger,
se réalisait : « Doucement. Si Mohamed, ne vide pas la
nGPS de sa substance; dans une année, tu vas la pren-
dre. » Mais, vingt-deux mois après sa désignation à la tête
des services de sécurité, Betchine est poussé vers la sortie
par une manœuvre qu'il n'a pas comprise. Voulant se
débarrasser définitivement de Mouloud Hamrouche, alors
chef du gouvernement et initiateur des réformes politiques
et économiques, le clan de la belle-famille remonte Bet-
chine contre celui qu'on considérait comme l'homme le
plus influent sur Chadli. Les rapports défavorables au chef
du gouvernement inondent le bureau du president. Mais
celui-ci reste imperturbable. On incite alors Betchine à
menacer de démissionner de son poste. Dans un premier
temps, les menaces verbales restent sans effet. Il pousse
alors le bluff jusqu'à rédiger une lettre de démission qu'il
prend soin de remettre à Larbi Belkheir, directeur de cabi-
net de Chadli. Ce dernier invite Betchine à « reconsidérer
sa position » (ignore-t-il le jeu de la belle-famille ?), puis
lui demande de la remettre en mains propres au président.
N'ayant pas réellement la volonté de démissionner,
Betchine ne souhaite pas voir sa lettre atterrir sur le bureau
de Chadli. Tout ce qu'il veut, c'est que Belkheir en parle
au président, pour attirer son attention sur le différend qui
l'oppose à Hamrouche. Plus tard, Betchine me dira : « Je
n'avais pas de problème avec Chadli. Je voulais qu' il choi-
sisse entre son chef de gouvernement et son chef des ser-
vices de sécurité. » C'est un mauvais calcul. « À l'époque,
Hamrouche avait habité le cerveau de Chadli », me
confiera Larbi Belkheir.
Contrairement aux attentes de Betchine, le directeur
de cabinet remet la lettre au président. Ce dernier ne se
fait pas prier pour ordonner à Khaled Nezzar de mcttre le
patron des services de sécurité à la retraite. Nezzar ne pou-