Page 146 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

sonnements sont un mobile suffisant pour que le FIS
décide de s'abstenir de participer aux nouvelles législatives
fixées au mois de décembre de la même année, et que le
nouveau Premier ministre, Sid Aluned Ghozali, successeur

d'Hamrouche, promet « propres et honnêtes ». JI est à
noter que ce dernier, alors ministre des Affaires étrangères,

a été désigné chef de l'exécutif alors qu'il se trouvait en
mission à l'étranger, ce qui signifie qu'on n'a même pas
pris la peine de le consulter.

      Le boycott du FIS dérange les plans du cabinet noir.
Outre Abdelaziz Belkhadem, alors président de l'Assem-
blée nationale et son acolyte, Mohammed Cherif Messaa-
dia, qui soufflent de multiples astuces aux nouveaux
dirigeants du parti islamiste pour déposer les candidatures
des détenus et les faire échapper à une condamnation cer-
taine, les décideurs vont jouer une carte inattendue : celle
d'un agent des services du général Tewftk ayant infiltré la
direction du FIS. Ali Soufi, un proche de Abdelaziz Khel-
laf, secrétaire général de la présidence de la République,
servira de contact entre Abdelkader Hachani et la prési-
dence de la République. Le FIS revient alors sur sa déci-
sion de boycott.

      Le 24 décembre, veille des élections, pour bien s'as-
surer de la participation du FIS, Chadli déclare, dans une
conférence de presse, qu'il est prêt à cohabiter avec la pre-
mière force islamiste. C'est suffisant pour mobiliser les
forces démocratiques contre lui. Dès le premier tour, le
FIS remporte cent quatre-vingt-huit sièges.

      Une telle victoire est un alibi suffisant pour mettre un
terme à l'expérience démocratique. Elle va permettre de
reprendre les choses en main, avec l'appui des forces
démocratiques qui ne sauraient s1accorrunoder d'un gou·
vemement intégriste. Le cabinet noir a gagné son pari.
Fausser le jeu démocratique en Algérie. Favoriser le FIS
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