Page 141 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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cbefd'Éta~ afin de mettre un tenne aux querelles des clans
et s'imposer comme les seuls décisionnaires. Ainsi, les
clans qui empoisonnaient la vie politique du pays auraient
fini par se dissoudre, puisqu'ils ne devaient leur force qu'à
la faiblesse du chef de l' État.
Le général Lakehal Ayat, dont les prérogatives
venaient d'être rongées par la restructuration de la Direction
de la sécurité militaire, avait donc présenté au président de
la République une étude lui conseillant de légaliser les partis
d'opposition clandestins: le Mouvement pour la démocratie
en Algérie de l'ancien président Ahmed Ben Bella, le Front
des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed et le Parti
d'avant-garde socialiste de Sadek Hadjerés. Avec le FLN,
ils seraient quatre à se disputer le pouvoir. Argument
avancé: ces partis existent déjà, et ils possèdent une base
militante composée de nombreux cadres. Mais cette concep-
tion du multipartisme dérangeait ceux qui s'accrochaient au
pouvoir à tout prix. Elle leur faisait courir le risque de se
faire éjecter des centres de décision et, pourquoi pas, de
devoir rendre des comptes de leur gabegie. Si l'un de ces
trois partis d'opposition venait à s'emparer du pouvoir en
toute légalité, ce qui ne faisait aucun doute, qu'advicndrait-
il de ces vautours, une fois le bouclier du FLN disparu ?
Quel alibi trouveraient-ils pour arrêter le processus électoral
ou remettre en cause le choix du peuple?
Comme on vient de le voir, cette manœuvre a donc été
mise en échec par la Cosa Nostra algérienne, qui a mis le
pays en ébullition dès l'été 1988. Une ébullition constatée
par de nombreux observateurs étrangers en visite en Algérie,
dont certains ont suggéré à Chadli de mettre en place un mul-
tipartisme de façade. Un multipartisme à la tunisienne.
Au lendemain des événements d'octobre 1988, les
décideurs s'entre-déchirent sauvagement. La guerre des
clans fait rage. Hamrouchiens contre partisans de Belkheir.