Page 144 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux
vait rêver d'une telle aubaine. Un autre ancien de l'ALN
épinglé à son tableau de chasse! Il prend néanmoins le
soin d'infonner Betchine de la décision du président. Bet·
chine joue alors sa dernière carte. Il appelle en urgence
Kaddour Lahouel, le beau·fils de Chadli, alors préfet de
Tipaza. Quelques heures plus tard, Kaddour Lahouel
débarque au siège de la DGDS à Dely Brahim. Après une
longue discussion dans le bureau de Betchine, les deux
hommes se rendent au siège de la présidence. À 18 h 15,
Betchine revient seul. Je suis le premier à qui il annonce
sa démission : «Hichem, tu détruis tout. Tu passes tout à
la broyeuse. Plus de projets, plus rien du tout. Je ne suis
plus le patron, ici. Je viens de donner ma démission. Tu
infonnes tous les cadres de la direction pour la cérémonie
de passation des consignes demain à 10 heures. C'est Tew-
fik qui me remplacera. II viendra demain. »
Betchine, qui ne s'attendait pas à une fin pareille, en
voudra longtemps, et en veut, encore aujourd'hui, à Larbi
Belkheir et Khaled Nezzar. « Avec Smail, Larbi et Nezzar
sont mes pires ennentis, me dira-t-il plus tard. 11 n'y a
aucun doute. Je suis victime du clan de l'année françai-
se. » En vérité, Betchine, qui s'était acoquiné avec le clan
de la belle·famille, a fait les frais, comme tous les larbins,
du grand nettoyage entrepris dans l'entourage de Chadli.
Ces individus, souvent sortis de nulle part, essayaient
de se faire une place parmi les premiers rôles à grands
coups de coude. Je pense par exemple à celui qui s'est
retrouvé avec le titre pompeux de conseiller du président
de la République à la communication, alors qu'il était
bagagiste dans une société de transports. Celui que cer·
taines mauvaises langues présentent comme un rabatteur
de filles de joie pour les nababs du régime avait acquis
assurance et puissance au point qu'il se pennettait d'inter-
peller du doigt le général Benabbes Gheziel, ct de lui lan·