Page 228 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

relâché, et l'associé indélicat envoyé devant un juge d'ins-

truction. Là, toutes les affaires ont plu sur le «pauvre »

Ben Boualia. Fraude fiscale, vols et destruction de biens
d'autrui, outrage à magistrat, abus de biens sociaux, etc.
La note était salée. Trois années de prison, et saisie de tous
ses biens et de tous ses comptes bancaires.

      Associés des généraux, retenez la leçon!

      La politique de la « caution morale » est pratiquée
aujourd'hui à tous les niveaux de la société. Pour décro-
cher un marché portant sur la construction de quatre ou
dix logements, un petit entrepreneur en bâtiment a besoin
d'une intervention du commandant de groupement de la

gendannerie, ou du commissaire de police, ou du maire du

village, auprès du directeur de l'OPGI (Office de prom<>-
tion et de gestion immobilière), organisme d'État. L' inter-
vention, bien entendu, n'est pas gratuite. Il faut payer la
tchippa.

      S'il s'agit d'un grand entrepreneur et d'un contrat
portant sur plusieurs millions de dinars, avoir une « cau~
tian morale» est obligatoire. Sinon, le fisc, les assurances,

la caisse maladie et la «justice» se chargeront vite de

mettre en faillite l'imprudent ou le récalcitrant.
      Comme je l'ai dit, le premier numéro d'El Acil était

sur le marché le 6 décembre 1992, deux mois et demi après
ma radiation des effectifs de l'armée. Il est vrai que j'avais
tout préparé durant l'été. Comme je démarrais sans grands
moyens financiers, rares étaient ceux qui pariaient sur les
chances de mon entreprise. Betchine, qui n'y croyait pas
plus que les autres, m'a d' abord proposé de me louer le
sous-sol de la villa de sa mère, dans le centre-ville de
Constantine, pour dix mille dinars par mois, avec acte
notarié. Comme recettes, je ne comptais que sur les ventes
et la publicité provenant du secteur privé et des militants
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