Page 231 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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Pendant les massacres, les affaires continuent. .. 229
n'ai rien volé. Ma villa de Sidi Mabrouk, c'est le génie
militaire qui me l'a construite, comme tout le monde. Je
peux tout justifier.
Voilà comment s'enrichissent les généraux en Algé-
rie. Vendre villa et voiture de service, qui sont des biens
de l'État, c'est nonnal. Obtenir des lignes de crédit ban-
caire et se faire construire une villa d'une valeur d'un mil-
liard, c'est faire comme « tout le monde».
Comme si « tout le monde » pouvait bénéficier de ces
avantages acquis sur le dos du peuple. Je décline l'offre et
fais remarquer au général Betchine que ce sont là des pra-
tiques mafieuses dont je ne peux m'accommoder.
Le parrain de la mafia constantinoise ne me pardon-
nera pas ce refus. Il commence par me demander de libérer
la cave de la villa de sa mère dans les vingt-quatre heures.
Je dois donc suspendre la parution du journal à compter
du 3 novembre 1993 et chercher un nouveau local. Il pro-
fite de cette suspension pour approcher, par l'intennédiaire
de Ben Boualia, les journalistes et les employés des ser-
vices techniques en leur offrant le double du salaire qu'ils
touchaient. Certains d'entre eux acceptent. D'autres préfè-
rent me suivre dans une nouvelle aventure.
Le 27 novembre, El Acil reparaît. Ben Boualia en est
le gérant et Rahmani Aziz, le directeur de la publication.
Ce dernier, très porté sur la bouteille, sera renvoyé au bout
de quelques mois. Avec une administration aux ordres,
Betchine et Ben Boualia sont en possession de documents
officiels faisant de ce journal leur propriété commune. Le
journal est passé au nom de Mohammed Redha Ben Boua-
lia et Aicha Baya Guedidi, l'épouse de Betchine. Deux
spécialistes de la presse, puisque l'un est entrepreneur, et
l'autre, femme au foyer!
Ben Boualia était prêt à tout pour servir son protec-