Page 232 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

teur et parrain. Sous son parapluie, il savait que rien ne
pouvait l'inquiéter. Je l'ai fait condamner à deux mois de
prison fenne par le tribunal de Sétif. Il n'a pas fait appel
et n'a pas purgé la peine. Betchine est au-dessus des lois,
ses protégés aussi. Non seulement, il profite de la manne
publicitaire de l'ANEP, mais aussi de la gratuité de l'im-
pression.

      Les généraux font des organismes et des entreprises
de l'État leur source d'enrichissement. Nul n'a le droit de
s'y opposer. Et ils n'hésitent pas à se servir jusque sur le
marché des logements sociaux.

      Pour absorber la crise aiguë du logement en Algérie,
l'État en construit des milliers par an sur l'ensemble du
territoire national. À la réception, une partie des logements

neufs est distribuée, selon des conditions draconiennes, à

des citoyens qui ont attendu plus d' une dizaine d'années
dans la promiscuité ou les bidonvilles.

      L'autre partie est affectée de droit aux walis 1 qui peu-
vent pretendre légalement à un quota de 10 % des loge-
ments réceptionnés sur leur territoire de compétence.
Enfin, le reste est distribué aux barons du régime qui en
disposent comme bon leur semble. Ces logements sont
destinés à satisfaire les caprices des maîtresses et des
enfants, ou bien vendus au prix fort.

      Le foncier n'échappe pas non plus à la gourmandise
de la mafia et de ses sous-traitants. Il y a deux manières
d'en profiter. À chacun selon sa position dans la hié-
rarchie.

      Le sous-fifre achète, par exemple, mille mètres carrés
dans une zone de seconde catégorie, pour un prix dérisoire.

Il en revend la moitié, pour dix fois son prix d'achat. Avec
l'argent gagné, il fait construire sa résidence tout en profi-

tant des largesses des organismes publics. Il achète le

         1. Préfets.
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